La révélation "privée" et Medjugorje

Dr. P. Ljudevit Rupčić, ofm, 1995

Le terme de révélation « privée » s’est établi en théologie depuis très longtemps. En face de lui se trouve le terme de révélation « publique ». La révélation publique serait donnée dans la Bible, et la révélation privée en dehors de la Bible. Il serait donc plus exact de parler de révélation biblique et de révélation extrabiblique. Accorder plus d’honneur et de signification à la première qu’à la seconde ne serait vraiment pas justifié puisque, si les deux sont vraies, si les deux viennent de Dieu, elles sont toutes les deux d’origine divine, et donc de valeur égale. L’une comme l’autre, Dieu les a destinées aux hommes, et Il veut que les hommes les accueillent toutes les deux. S’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait aucune raison qu’Il leur parle. S’il y a une différence justifiable entre les deux, ce n’est jamais dans le sens que nous serions obligés de nous en tenir à l’une et non à l’autre. Nous sommes obligés de nous en tenir à toutes les deux. Toute personne qui en a pris connaissance et qui a trouvé suffisamment de raisons et de certitude morale pour les considérer comme vraies, est obligée de s’y tenir.

La révélation contenue dans la Bible est appelée « canon », c’est à dire « règle de la foi ». C’est en fonction d’elle que l’on prend la mesure de l’authenticité de toute autre révélation. Tout ce qui serait contraire à la révélation biblique serait donc faux ou mensonger. La révélation biblique offre ainsi la garantie de la certitude dans le sens négatif, à savoir qu’une révélation qui lui serait contraire serait fausse. L’authenticité de la révélation biblique est garantie par le Magistère de l’Église, à qui le Christ a donné l’Esprit Saint pour la garder fidèlement et l’interpréter infailliblement. En ce qui concerne la révélation extrabiblique, le Magistère ne détient pas ce pouvoir directement mais indirectement : s’il constate qu’une révélation extrabiblique est contraire à la révélation biblique, il est certain qu’elle n’est pas d’origine divine. Car « si nous ou un ange du ciel vous prêchait un autre Évangile que celui qui je vous ai transmis, qu’il soit anathème ! » (Gal 1,8) Et pourtant, même si le Magistère de l’Église confirmait une révélation extrabiblique, l’homme ne serait pas tenu de l’accueillir comme vraie. S’il trouvait des raisons personnelles à cela, il aurait à l’accepter fide divina. S’il n’en trouvait pas, il pourrait soit la rejeter, soit en douter. Dans ce cas, il ne serait pas obligé de s’y tenir fide catholica.

L’histoire de l’Église démontre qu’il y a toujours eu des révélations extrabibliques. Par leur structure ou leur forme, elles sont pareilles aux révélations bibliques et régulièrement liées aux apparitions ou aux visions. Il s’agissait généralement d’apparitions de Jésus, d’anges et de saints, et en ces derniers temps surtout de la Bienheureuse Vierge Marie.

Les visions sont associées aux locutions (auditiones). Les plus récentes apparitions de la Mère de Dieu à La Salette, à Lourdes, à Fatima et à Medjugorje le confirment. Hormis la vision de Notre-Dame, les voyants entendent ses messages qui appellent généralement à la conversion, à la prière - surtout celle du rosaire - et à la pénitence. Par cela, elles visent le renouveau et l’épanouissement de la vie ecclésiale, plutôt que de donner de nouvelles vérités de la foi.

Personne ne peut faire taire Dieu. Il n’a pas fini de converser avec les hommes ni de se révéler à eux. Cela continue de différentes manières dans l’Église et dans le monde. Au sens plus large, le discours de Dieu prend la forme d’une vision, ce qui est incontestable. Aussi les révélations extrabibliques sont non seulement possibles, mais aussi réelles. L’Esprit de Dieu que le Christ a envoyé à l’Église lui rappelle continuellement les paroles de Jésus et la conduit vers la vérité tout entière (Jn 16,13). Il ne le fait pas seulement à travers la hiérarchie, mais aussi à travers les charismes et ceux qui les portent, parce que l’Église n’est pas seulement hiérarchique mais aussi charismatique. Aussi l’Esprit Saint ne dépend pas de la hiérarchie, mais la hiérarchie dépend de l’Esprit Saint. Il est libre et Il souffle où Il veut. Il donne à l’Église des inspirations et Il la conduit, y compris à travers les charismatiques. Ni la hiérarchie ni les charismatiques ne peuvent s’approprier le droit exclusif de parler et d’agir au nom de l’Esprit Saint. Leurs ministères proviennent de ce même Esprit, et ils doivent s’accorder. C’est pourquoi ni la hiérarchie ni l’Église ne doivent être autosuffisantes et indifférentes à l’égard des visions, des apparitions et des révélations. La hiérarchie ne doit ni les rejeter, ni seulement tolérer, mais les accueillir et en prendre soin, sinon elle rejetterait l’Esprit Saint Lui-même.

La vision et la révélation font partie du charisme prophétique sans lequel l’Église ne peut exister, non parce qu’à la suite de la révélation biblique on aurait besoin d’une nouvelle doctrine ou d’une nouvelle vérité, mais parce qu’on a besoin d’une nouvelle lumière, d’une meilleure compréhension de cette même doctrine ou vérité, et surtout parce que l’action humaine a besoin de nouvelles orientations et de nouveaux élans.

Tout au long de l’histoire, la révélation extrabiblique a dû affronter des attitudes critiques plus ou moins exprimées, mais les débats les plus importants et les plus nombreux ont commencé au début des Temps Modernes. Selon eux, le meilleur signe d’authenticité de la révélation et de la vision extrabiblique était sa conformité à la révélation biblique. Celle-ci affirmée, le contenu, qui dépassait les capacités du voyant, parlait beaucoup en faveur de l’authenticité de la révélation extrabiblique. La santé psychique et physique du sujet joue ici un rôle important. La sainteté personnelle et l’état de grâce contribuent à son authenticité, sans être nécessaires pour autant : même les défauts moraux importants ne constituent en principe aucun obstacle à l’authenticité de la révélation. L’héroïsme moral du sujet de la vision contribue de manière positive à l’authenticité de la révélation extrabiblique. Les circonstances concomitantes y ont aussi une signification, bien que les erreurs concomitantes ne soient pas nécessairement considérées comme un critère négatif. À ces critères internes s’ajoutent les critères externes : le miracle et l’approbation de l’Église. Contre l’authenticité de la vision parlerait l’implication dans des questions litigieuses ou politiques, parce que les visions sont au service du Royaume de Dieu, et non de la curiosité ou des objectifs d’ici-bas.

Les révélations extrabibliques n’apportent généralement aucune nouvelle vérité, mais probablement seulement une meilleure connaissance des vérités révélées par la Bible, et apportent très certainement l’exigence de leur meilleure et plus urgente application à une situation particulière de l’Église ou des groupes en son sein. Les révélations extrabibliques veulent généralement stimuler la foi et la conversion, et ainsi conduire vers le salut. Elles sont des exigences et des stimulations plus que des affirmations. Leur but est d’orienter le comportement des gens vers Dieu. Dans ce sens, Thomas d’Aquin dit : « Quand il n’y aura plus de révélations, le peuple sera privé de guidage » (Summa II-II q.174a.6). Aussi y a-t-il toujours eu des prophètes dans l’Église, prophètes qui, sans proclamer une nouvelle doctrine, ont orienté l’action humaine. Le même St Thomas d’Aquin souligne : « La révélation est donnée pour le bien de l’Église. » (Summa II-II q.172a.4) Elle invite à une vie chrétienne plus authentique et désigne les besoins et les moyens prioritaires. Elle est une réponse du Ciel aux questions spécifiques de l’époque, et aide davantage que je ne sais quel effort intellectuel et théologique.

Les révélations extrabibliques sont à la fois extraordinaires et frappantes, aussi attirent-elles généralement plus d’attention que l’annonce ordinaire des vérités bibliques et des directives de l’Église : de ce fait, elles ont un effet de « thérapie de choc ». Il est bien connu que les apparitions à Lourdes, Fatima et Medjugorje ont intensifié la dévotion et réveillé la vie spirituelle dans le monde entier. Elles ont beaucoup contribué au retour de la confession et à l’adoration de l’Eucharistie.

Une accentuation trop grande de la révélation extrabiblique au détriment de l’Évangile ne serait ni saine ni normale. La révélation biblique prime toujours, mais la révélation extrabiblique ne doit pas non plus être rejetée, simplement parce qu’elle vient aussi de Dieu et qu’à travers elle, Dieu veut dire quelque chose à l’homme. C’est pourquoi ici, comme partout, nous sommes obligés de nous tenir à la parole de Dieu.

LES APPARITIONS ET LES VISIONS DE MEDJUGORJE

Depuis le 24 juin 1981 jusqu’à ce jour, six voyants de Medjugorje (Ivanka Ivanković-Elez, Mirjana Dragićević-Soldo, Vicka Ivanković, Marija Pavlović-Lunetti, Ivan Dragićević et Jakov Čolo) affirment unanimement que Notre-Dame leur apparaît. Ils la voient tous les jours, à l’exception d’Ivanka et de Mirjana qui la voient une fois par an, Ivanka le jour de l’anniversaire des apparitions, et Mirjana le jour de son propre anniversaire. Depuis le début des apparitions, on a tenté de différentes manières de confirmer l’authenticité de ces visions et apparitions. Hormis la constante affirmation des voyants, on a tenté d’obtenir des preuves objectives scientifiques et théologiques de l’authenticité des apparitions. Le régime communiste alors au pouvoir, opposé à la nouvelle des apparitions de Notre-Dame pour des raisons idéologiques et athées, a tenté de prouver dès les premiers jours, à l’aide de médecins de Čitluk et de Mostar, que le discours sur les apparitions était réductible à un simple enfantillage et à des propos d’enfants malades. Lorsque ces médecins établirent que les enfants étaient en parfaite bonne santé, les communistes réunirent une commission composée de douze médecins et psychiatres chargés tout simplement de déclarer que les enfants étaient des malades mentaux. Il est significatif que, malgré la pression, les membres de la commission ne l’ont pas fait, tant il était évident que les enfants étaient sains.

De nombreuses commissions inofficielles et officielles se succédèrent ensuite qui tentèrent d’établir la vérité sur ces apparitions avec plus d’honnêteté, à l’exception des deux commissions formées par Mgr Pavao Žanić, évêque local : il ne leur demanda pas d’étudier les phénomènes de Medjugorje, mais de confirmer son opinion négative qui n’avait aucun fondement dans les apparitions elles-mêmes. Afin de s’assurer du « résultat » de l’enquête, il se nomma lui-même président de la commission chargée de penser et de dire ce qu’il pensait et disait, sans argumentation. D’autres, contrairement à Mgr Žanić et à ses commissions, ont examiné les voyants et ce qui se passait à Medjugorje avec plus de compétence. Après que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec à sa tête le Cardinal Ratzinger, a rejeté les « conclusions » des commissions du Mgr Žanić en raison de leur incompétence et de leur absence de fondements, elle ordonna à la Conférence des Évêques de Yougoslavie de créer une autre commission qui s’occuperait des apparitions de Medjugorje avec plus de sérieux. Cette commission a fait preuve de plus de responsabilité, mais ne s’est pas suffisamment impliquée dans la recherche. Elle n’a constaté aucune fausseté dans ces apparitions : optant pour une solution « à la Salomon », elle a déclaré ne pas avoir encore pu constater de preuves quant au caractère surnaturel des apparitions. C’est la position qui a été adoptée par la Conférence des Évêques de Yougoslavie. En raison de la conviction positive de plus en plus généralisée à propos de l’authenticité de ces apparitions - tout particulièrement à cause des dons spirituels exceptionnels constatés dans le monde entier - elle s’est trouvée obligée d’accepter Medjugorje comme un sanctuaire et de s’impliquer davantage dans les questions du bon déroulement des dévotions et d’accompagnement des demandes spirituelles des pèlerins à Medjugorje.

La commission qui a examiné les événements de Medjugorje avec la plus grande compétence et expertise était une commission internationale franco-italienne scientifique et théologique « sur les événements extraordinaires qui se déroulent à Medjugorje ». Les recherches de cette équipe, composée de dix-sept experts en sciences naturelles, de médecins, de psychiatres et de théologiens, ont abouti le 14 janvier 1986, à Paina près de Milan (Italie), à une conclusion en 12 points :

  1. Les tests psychologiques permettent d’exclure avec certitude toute illusion ou supercherie chez les voyants individuellement et ensemble.
  2. Les examens médicaux, les tests, les observations cliniques etc., permettent d’exclure toute possibilité d’hallucinations pathologiques chez les voyants individuellement et ensemble.
  3. Les recherches effectuées préalablement permettent d’exclure une interprétation purement naturelle des manifestations dont il est question chez les voyants individuellement et ensemble.
  4. Les informations et les observations qui peuvent être documentées permettent d’exclure la possibilité que ces manifestations soient d’ordre hors-naturel, c’est à dire sous influence diabolique, chez les voyants individuellement et ensemble.
  5. Les informations et les observations qui peuvent être documentées permettent d’affirmer qu’il y a une correspondance entre ces manifestations et celles généralement décrites dans la théologie mystique.
  6. Les informations et les observations qui peuvent être documentées permettent de dire que les voyants progressent au plan spirituel, ainsi que dans les vertus théologales et morales, depuis le début de ces manifestations jusqu’à aujourd’hui.
  7. Les informations et les observations qui peuvent être documentées permettent d’exclure que les enseignements ou le comportement des voyants aient jamais été en nette contradiction avec la foi et la morale chrétiennes.
  8. Les informations et les observations qui peuvent être documentées nous permettent de parler de bons fruits spirituels dans le peuple impliqué dans l’action surnaturelle de ces manifestations et attiré par elles.
  9. Après plus de quatre ans, à la suite de ces manifestations, divers courants et mouvements sont nés à Medjugorje. Ils ont une influence sur le peuple de Dieu dans l’Église, influence qui s’accorde parfaitement à la doctrine et à la morale chrétiennes.
  10. Après plus de quatre ans, on peut parler de fruits spirituels permanents et objectifs, fruits portés par les mouvements nés à Medjugorje.
  11. Il est possible d’affirmer que toutes les initiatives bonnes et spirituelles de l’Église, en parfait accord avec l’authentique Magistère de l’Église, trouvent un support dans les événements de Medjugorje.
  12. Par conséquent, on peut conclure que, après un examen approfondi des protagonistes, des faits et de leurs effets, non seulement dans le cadre local, mais également par rapport aux échos retentissant dans l’Église universelle, il est bon pour l’Église de reconnaître l’origine surnaturelle et donc la finalité des événements de Medjugorje.

Jusqu’à présent, c’est la recherche la plus consciencieuse et la plus complète des phénomènes de Medjugorje, et de ce fait la plus positive du point de vue scientifique et théologique.

D’autre part, un travail très sérieux de recherche sur les voyants a été entrepris par une équipe d’experts français dirigée par le professeur Henri Joyeux. À l’aide de l’équipement et des compétences les plus modernes, cette équipe a examiné les réactions intérieures des voyants avant, pendant et après l’apparition, ainsi que la synchronisation de leurs réactions au niveau oculaire, auditif, cardiaque et cérébral. Les résultats obtenus par cette commission sont très significatifs. Ils ont démontré que l’objet de l’observation se trouve à l’extérieur des voyants et que toute manipulation externe ou toute entente entre les voyants sont exclues. Les résultats des electroencéphalogrammes individuels et d’autres réactions ont été rassemblés, traités et publiés dans un ouvrage. (H. Joyeux - R. Laurentin, Études médicales et scientifiques sur les apparitions de Medjugorje, Paris 1986)

Les résultats de ladite commission ont confirmé les conclusions de la commission internationale et ont prouvé que les apparitions dont témoignent les voyants constituent un phénomène qui dépasse la science moderne et qui, selon toutes les indications, se situe à un autre niveau.

À propos des recherches scientifiques des apparitions de Medjugorje, il est important de se rappeler que - dans toute l’histoire des apparitions - aucunes n’ont jamais été examinées aussi amplement ni avec tant de rigueur scientifique que celles de Medjugorje. Si l’on compare les recherches de Lourdes et de Fatima avec celles faites à Medjugorje, on n’y trouve pratiquement aucune ressemblance. Aucun autre voyant n’a jamais été examiné avec autant de rigueur et autant de succès, ce qui, d’ailleurs, autrefois n’était pas possible, vu le niveau scientifique et l’insuffisance des moyens techniques de l’époque. D’autre part, il est également très significatif de remarquer qu’à Lourdes il n’y avait qu’une seule voyante, Bernadette Soubirous, à Fatima trois voyants, et à Medjugorje six. Il est plus facile de manipuler un seul voyant que plusieurs. De même, une confirmation massive a plus de valeur qu’une confirmation individuelle. Au sujet de Bernadette, le médecin a dit qu’elle était psychologiquement fragile. En ce qui concerne les voyants de Medjugorje, une santé exemplaire a été constatée. Lorsqu’on y ajoute des qualités morales positives et la concordance de leurs témoignages, il ne peut y avoir de doutes significatifs que les apparitions dont les voyants témoignent soient vraiment surnaturelles et dignes de foi.

Nous en trouvons une confirmation dans le contenu des messages de Medjugorje. Outre les cinq messages principaux sur lesquels les voyants sont tous d’accord, Notre Dame donne chaque mois à Marija Pavlović des messages destinés au monde entier. Bien que leur quantité représente aujourd’hui le volume d’un livret, on ne peut rien y trouver qui contredirait un tant soit peu la doctrine et la foi chrétiennes. Bien au contraire : avec les messages principaux, ils représentent un vrai trésor de théologie pratique et accessible, dont 80% de prêtres de notre époque n’atteindraient pas le niveau. C’est d’autant plus significatif que Marija, comme les autres voyants, est une croyante tout à fait moyenne qui n’a même pas pu suivre les cours ordinaires de catéchisme, et encore moins acquérir une formation théologique pratique. Même les insinuations de l’évêque et d’autres adversaires de Medjugorje, à savoir que les auteurs des messages seraient les franciscains, parlent en faveur du contenu extraordinaire des messages. C’est une confirmation indirecte de leur caractère exceptionnel.

LES MIRACLES

Au début, les apparitions de Medjugorje ont été accompagnées de nombreux phénomènes étranges dans le ciel et sur la terre, en particulier de guérisons miraculeuses. Avec environ mille pèlerins, j’ai personnellement assisté à une danse du soleil inhabituelle. Cette manifestation a été tellement étrange et évidente que tout le monde, sans exception, l’a qualifiée de miracle. Personne n’est resté indifférent, j’en ai acquis la certitude en interrogeant les témoins oculaires. La joie, les larmes et les témoignages des personnes présentes le confirmaient. Leurs paroles indiquaient qu’ils considéraient cette manifestation comme une confirmation de l’authenticité des apparitions et un encouragement à y répondre en les accueillant. Et c’est précisément l’objectif véritable des miracles : aider les gens à croire et à vivre selon la foi, car les miracles sont au service de la foi et du salut des hommes.

En ce qui concerne les phénomènes lumineux à Medjugorje, un professeur de Vienne (Autriche), expert dans ce domaine, m’a avoué les avoir étudiés sur place pendant une semaine. À la fin, il m’a dit : « La science n’a pas de réponse à ces phénomènes ». Bien que le jugement sur les miracles ne relève d’aucune science naturelle ni de la science en général, mais de la théologie et de la foi, l’évaluation de la science est très importante : là où la science s’arrête, la foi continue.

Il est très significatif de noter que les fidèles ont pris de nombreux événements pour miraculeux. Qu’ils en aient fait l’expérience dans leur propre personne ou à travers les autres, ils ont compris leurs sens et se sont sentis tenus d’accepter les messages de Medjugorje comme une obligation. Il est difficile de dire avec précision la quantité de ces événements miraculeux liés aux apparitions de Medjugorje. Il est néanmoins connu que plusieurs centaines ont été déclarés en présence de témoins. Quelques-uns ont été examinés à fond et analysés scientifiquement et théologiquement, et il n’y a pas de raisons sérieuses de douter de leur caractère surnaturel. Il suffira d’en mentionner quelques-uns.

Diana Basile, née le 5 octobre 1940 à Platizza, Cosenza en Italie, souffrait de 1972 au 23 mai 1984 d’une sclérose en plaque (sclerosos multiplex), maladie réputée incurable. Malgré l’aide compétente des professeurs et des médecins de la clinique de Milan, sa maladie progressait. Suivant son désir, elle vint à Medjugorje et assista à l’apparition de Notre-Dame dans une pièce adjacente à l’église - et fut instantanément guérie. La guérison fut instantanée et totale, au point que, le lendemain, elle parcourait pieds nus les douze kilomètres qui séparaient l’hôtel à Ljubuški (où elle avait passé la nuit) de la Colline des apparitions, afin de remercier Notre-Dame. Depuis ce jour, elle est en bonne santé. À son retour à Milan, les médecins - stupéfaits de sa guérison - ont immédiatement formé une commission médicale qui s’est chargée d’examiner à nouveau et en détail son état antérieur et actuel. Vingt-cinq professeurs, médecins en chefs et autres médecins ont réuni 143 documents pour finalement écrire un livre uniquement consacré à sa maladie et à sa guérison, livre dans lequel ils affirment que Diana Basile souffraient vraiment de sclérose en plaque, qu’elle avait été soignée sans succès pendant de longues années, et qu’elle était à présent complètement guérie, sans qu’aucune thérapie ni aucun traitement médicamenteux en soit la cause. Ils ont ainsi signifié que la cause de cette guérison résidait dans un autre domaine que celui de la science.

Un autre miracle significatif est arrivé à Rita Klaus, née le 25 janvier 1940 à Pittsburgh (USA), enseignante et mère de trois enfants, qui souffrait de sclérose en plaque depuis 26 ans. Les médecins et la médecine ne pouvaient pas l’aider. À la lecture le livre de Laurentin et Rupčić, « La Vierge Marie apparaît-elle à Medjugorje ? », elle décida d’accueillir les messages de la Gospa. Le 23 mai 1984, pendant qu’elle priait le rosaire, elle se sentit envahie par une chaleur inhabituelle. Après cela, elle s’est sentie en bonne santé. Depuis ce jour, elle est en parfaite santé et peut s’acquitter de toutes ses tâches domestiques et professionnelles. Une solide documentation médicale sur sa maladie et sur l’inefficacité des traitements appliqués a été réunie, de même qu’une attestation du médecin qui certifie son extraordinaire et inexplicable guérison, à la fois totale et durable.

D’autres guérisons soudaines et radicales liées à Medjugorje ont eu lieu. Certaines ont fait l’objet d’examens plus ou moins qualifiés, d’autres n’ont pas encore été traitées. Il n’est pas exclu que certaines soient aussi importantes que les guérisons déjà étudiées. Ce qui est important dans les miracles, c’est qu’ils viennent de Dieu et soient au service de la foi, et non qu’ils soient « grands ». Ils seront reconnus plus vite par les gens de bonne volonté, ouverts à la vérité, que par les scientifiques strictement spécialisés et les critiques polyvalents souvent enfermés dans les limites où un miracle « ne doit pas » et ne « peut pas » se produire.

LE JUGEMENT DE L’ÉGLISE SUR LES APPARITIONS DE MEDJUGORJE

Puisque les apparitions, les visions et les messages de Medjugorje font partie des révélations extrabibliques, la compétence de l’Église dans l’évaluation de leur authenticité n’est pas tout à fait du même ordre que lorsqu’il s’agit de la révélation biblique. Le Magistère de l’Église jouit d’une garantie directe d’infaillibilité uniquement en ce qui concerne la révélation biblique, et d’une garantie indirecte en ce qui concerne les révélations extrabibliques. Si ces dernières étaient en contradiction avec la révélation biblique, elles seraient certainement fausses. Pour d’autres cas, d’autres critères permettent de déterminer dans quelle mesure une révélation peut être considérée comme surnaturelle.

Il s’agit d’abord de prémisses d’ordre scientifique : ce que la raison considère comme faux ne peut être vrai dans une révélation. Les travaux sérieux et qualifiés de certains experts, tout d’abord les conclusions de la Commission scientifique et théologique internationale et d’autres et équipes scientifiques, ont établi clairement que dans les apparitions de Medjugorje rien n’est contraire à la science. Elles ne sont pas contraires à la raison, mais la dépassent.

De même, aucune commission théologique n’a rien pu trouver dans les apparitions de Medjugorje qui serait contraire à la foi. La dernière commission, réunie par la Conférence des Évêques de Yougoslavie, s’est contentée de déclarer qu’elle n’avait pas encore pu réunir suffisamment de preuves pour établir le caractère surnaturel des apparitions de Medjugorje et que, pour cette raison, elle allait poursuivre son enquête. La commission a ainsi indirectement reconnu n’avoir rien trouvé dans les apparitions qui soit contraire à la révélation biblique et à la foi. Quand Dieu donne une révélation, qu’elle soit biblique ou extrabiblique, Il rend toujours les personnes concernées capables de la reconnaître ou bien, au moins, d’avoir la certitude morale qu’elle est vraie. Il est très important de rappeler que des gens simples ont facilement reconnu la révélation divine dans les phénomènes de Medjugorje, et qu’ils l’ont acceptée non seulement en théorie, mais dans leurs vies. La parole du Christ s’y est réalisée : « Si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt 18,3). La première qualité propre à l’enfance est l’ouverture à la vérité.

D’autre part, même ceux qui refusent d’accepter l’authenticité des preuves reconnaissent Medjugorje malgré eux. En effet, l’analyse de leurs positions et de leurs arguments montre que leurs preuves se situent dans un autre domaine de préoccupation. De plus, les opposants de Medjugorje ne sont qu’une petite poignée de gens facilement reconnaissables. Leur argumentation consiste dans des insinuations, des mensonges et l’ignorance des choses qu’ils jugent.

Face à eux se tiennent des millions de personnes pour qui la preuve de l’authenticité des apparitions de Medjugorje réside principalement dans leur rencontre personnelle avec Dieu et dans le manque évident d’arguments en leur défaveur. On peut parler ici du sensus fidelium des croyants, qui est d’ailleurs un locus theologicus de la révélation et de la foi.

Un poids tout particulier aux preuves en faveur des apparitions de Medjugorje donnent les fruits spirituels, aussi abondants qu’évidents, constatés dans le domaine de la foi, de la conversion, de la prière et d’un profond et massif renouveau spirituel. C’est ce que même les opposants de Medjugorje ne peuvent remettre en question. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de les mettre uniquement sur le compte de la foi et non des apparitions de Medjugorje. Il n’y a pas de doute que ces fruits soient bien les fruits de la foi. Mais pourquoi sont-ils tellement inhabituels et liés précisément à Medjugorje ? Pourquoi ne les trouve-t-on pas ailleurs, dans les lieux de pèlerinages ordinaires ou dans les cathédrales ? Ce qui est en question, c’est précisément le côté extraordinaire et la grande quantité de fruits de la foi qui doivent avoir une cause. À cet égard, les opposants se comportent comme les Juifs qui avaient attribué l’expulsion d’un mauvais esprit à Béelzéboul et non à Jésus. Puisqu’ils n’ont pas pu nier le fait, car il était évident, ils ont nié sa vraie origine.

Hormis le critère selon lequel on reconnaît un bon arbre à ses bons fruits, la position du Saint-Père est décisive dans cette affaire. Or, le Pape est parfaitement clair. Il a exprimé sa position à plusieurs occasions, lorsque, interrogé par de nombreux évêques sur l’opportunité de se rendre à Medjugorje, le Pape les y a non seulement encouragés, mais s’est recommandé à leurs prières. Lors de sa visite ad limina, le président de la Conférence des Évêques de Corée du Sud, Mgr Kim, a salué le Pape Jean-Paul II par ces mots : « Saint-Père, grâce à vous, la Pologne a pu être libérée du communisme ». Le Pape le corrigea et lui dit : « Non, ce n’est pas grâce à moi, c’est l’œuvre de la Vierge comme elle le dit à Fatima et à Medjugorje. » (Catholic News, Hebdomadaire catholique coréen du 11 novembre 1990). Tout ce que le Pape et l’Église peuvent dire au sujet des apparitions de Medjugorje est contenu là. Il en découle que la Gospa est à Medjugorje et qu’elle a annoncé la chute du communisme. D’autres histoires manquent gravement de sérieux, et - pour des raisons externes à la foi - cherchent à obscurcir la vérité sur Medjugorje et à détourner le monde de l’accueil des messages évangéliques de la Gospa.

Dr. P. Ljudevit Rupčić, ofm, 1995

Dr. P. Ljudevit Rupčić, ofm est né en 1920 à Hardomilje, Ljubuški. En 1939, il entre dans l’ordre franciscain dans la Province d’Herzégovine et est ordonné prêtre en 1946. Il termine ses études de théologie à la Faculté de théologie de Zagreb en 1947 où il obtient un doctorat en 1958 et l’habilitation à l’enseignement supérieur en 1971. De 1958 à 1988 il enseigne l’exégèse du Nouveau Testament à la Théologie franciscaine à Sarajevo et à la Faculté de théologie de Zagreb. Sous le régime communiste yougoslave, il est en prison en 1945 et en 1947, puis de 1952 à 1956. De 1968 à 1981, il est membre de la Commission théologique auprès de la Conférence épiscopale de l’ex-Yougoslavie. Il traduit le Nouveau Testament en croate depuis l’original, traduction qui a connu de nombreuses éditions. Il publie de nombreux livres, études et articles en croate, en allemand, en italien, en français et en anglais. Il intervient aux nombreux congrès et symposiums en Europe et en Amérique.