La famille dans les messages de la Vierge Marie Reine de la Paix

Dr fr. Slavko Barbarić

Medjugorje est une école dans laquelle, Marie, Reine de la Paix, parle depuis quinze ans et demi, et, en parlant, enseigne. Dans les messages simples qu’elle donne par Maria Pavlović Lunetti (du 1er mars 1984 au 8 janvier 1987 tous les jeudis, du 25 janvier 1987 à ce jour tous les 25 du mois), elle ne dit rien de nouveau, mais nous rappelle - d’une manière simple, maternelle, pleine d’amour et de compréhension, de tendresse et de patience, mais clairement et fermement – ce que nous devons faire en tant que ses enfants, en tant qu’individus, en tant que familles et en tant qu’Église.

Son langage est simple et concret, ni théorique ni philosophique, exactement comme devrait le faire chaque mère. Marie, Reine de la Paix, est claire dans ce qu’elle demande et exige. Ses messages ne demandent pas d’explications particulières. Ils sont compréhensibles pour tout un chacun. Il n’y a pas de malentendu ni de manque de clarté en eux.

Son langage est toujours profondément lié au message biblique et à notre réalité quotidienne. Pour reconnaître plus facilement ce lien profond entre les messages de Marie, le message biblique et notre vie quotidienne, il suffit de rappeler son principal message donné le 26 juin 1981 : « Paix, paix, seulement la paix. » À ces paroles, elle ajouta les paroles prophétiques : « Priez et jeûnez, car par le jeûne et la prière vous pouvez arrêter les guerres et les catastrophes naturelles. » En 1981, la réalité de la guerre était pour nous, Croates catholiques, impensable. Cependant, dix ans plus tard, à cette même date, le 26 juin 1991, les premières bombes tombaient annonçant la terrible réalité de la guerre, guerre que nous n’avions ni voulue ni attendue, et au sujet de laquelle nous avions espéré qu’elle n’allait pas prendre les proportions qu’elle a effectivement prises.

Le principal but des apparitions est la paix. C’est comme un fil rouge qui traverse tout ce que Marie dit et fait. C’est pourquoi elle a parlé des conditions pour obtenir la paix : la conversion, la prière, le jeûne, la foi, l’abandon complet à Dieu et avancer avec Marie sur le chemin de la sainteté. Elle a clairement parlé des moyens à prendre : prier le rosaire, se confesser, lire les Écritures, aller à la messe et faire le bien.

Les personnes individuelles, les familles, les groupes, l’Église toute entière et le monde entier sont tous pareillement invités. Dans tout le processus qui conduit à la paix, Marie souligne sans cesse l’importance de chacun personnellement, de la famille et des groupes de prière. Son chemin vers la paix est inductif : tout commence par la personne qui change et qui, en changeant, crée de nouvelles relations dans sa famille, dans la société, dans l’Église et dans le monde. Tout commence par la conversion personnelle de la personne, qui crée d’abord de nouvelles relations dans la famille. Les voyants répètent inlassablement que la paix doit d’abord régner dans nos cœurs, puis dans les familles, puis dans le monde. La valeur et l’importance de chaque personne et indispensable et incontournable. Sans la personne, les programmes que Dieu a confiés à Marie sont irréalisables. La personne crée un nouveau milieu, une nouvelle famille ; une nouvelle famille crée une nouvelle Église et une nouvelle société ; la nouvelle société, la nouvelle Église et la nouvelle famille, renouvelés par le renouvellement de la personne, ont à leur tour à jouer leur rôle dans l’éducation de la personne et lui faciliter la réalisation de son identité propre.

Le but de cette présentation est de montrer ce que Marie dit à propos de la famille : quelle est la famille qu’elle désire, ce qu’elle recommande, sur quoi elle attire l’attention des parents, des enfants, des personnes âgées ; quelles sont les valeurs qu’ils doivent mettre en pratique, quelles attitudes avoir les uns avec les autres, à l’égard de Dieu, de la prière, de la messe, de l’Écriture Sainte.

Dans 27 messages, Marie mentionne la famille (dont 13 donnés les jeudis et 14 donnés le 25 du mois). Tout ce qu’elle a dit peut être présenté d’une manière chronologique ou d’une manière thématique. J’ai opté pour cette dernière.

DIEU À LA PREMIÈRE PLACE

Dieu est le fondement de tout, la source de vie et de sainteté, le Créateur et celui qui maintient tout en existence. Il est paix et amour. Sans être en contact personnel avec Lui, personne ne peut avoir la paix. Il nous donne tout ce que nous avons et tout Lui appartient. Dans une famille consacrée, Dieu est à la première place et Il doit gouverner la vie de la famille. Se décider pour Dieu et Le mettre à la première place signifie faire ce que Marie faisait et vivre comme vivait la Sainte Famille de Nazareth. Le message du 25 décembre 1991 dit : « C’est pourquoi, chers enfants, mettez Dieu à la première place dans vos familles, afin qu’il vous donne la paix et qu’il vous protège, non seulement de la guerre, mais aussi, au sein de la paix, de toute attaque satanique. » Marie parle clairement de l’action continuelle et inlassable de Satan, en temps de guerre comme en temps de paix. Il ne tolère rien de bon, « car il veut la guerre, veut le trouble, veut détruire tout ce qui est bon. » (25 mars 1993) Dans ce même message, elle nous appelle trois fois à la prière : « Priez, priez, priez. » C’est la réponse à la question de savoir comment se blottir contre son cœur maternel.

« Je suis venue vous dire que Dieu existe », tel fut l’un des premiers messages que les voyants ont transmis au monde. Plus tard, dans de nombreux messages, Marie a appelé les personnes et les familles à se décider en faveur de Dieu, à mettre Dieu à la première place.

C’est ainsi, sans doute, que Marie a vécue toute sa vie. Elle s’est désignée elle-même comme la servante du Seigneur qui a accompli en toutes choses la volonté de Dieu. Dieu était à la première place dans ses pensées, dans ses paroles, dans toutes ses œuvres.

Dans le message du 2 juin 1984, Marie nous invite à prier une neuvaine pour que l’Esprit Saint se déverse sur les familles. Elle appelle tout un chacun à faire de toute sa vie terrestre une glorification de Dieu. Dieu Lui-même procurera les dons nécessaires afin que cela se produise. St Paul enseigne dans la Première lettre aux Corinthiens : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». (1Co 10,31)

Tout ce que Marie dit, elle le dit au nom de Dieu. Elle est prophète et Reine des prophètes, or, le prophète est celui qui parle au nom de Dieu. Donc, les paroles prophétiques ne concernent pas essentiellement les événements à venir, mais parlent au nom de Dieu. C’est pourquoi, chaque mère et chaque père de famille sont en premier lieu les prophètes qui révèlent à leurs enfants la volonté de Dieu, l’amour et la miséricorde de Dieu, les plans de Dieu et les moyens par lesquels ces plans peuvent être réalisés. Dieu a confié à Marie des plans qui ne peuvent se réaliser qu’en coopération avec nous : « Vous m’avez aidée par vos prières pour la réalisation de mes plans. Continuez à prier pour que mes plans se réalisent en entier ». (27 septembre 1984) Marie nous enseigne que tout doit appartenir à Dieu, et que nous pouvons réaliser cela par ses mains. (25 octobre 1988) Lorsque nous aurons mis Dieu à la première place, nous obtiendrons la paix et nous serons protégés de toute tentation satanique. Lorsque nous aurons Dieu, nous aurons vraiment tout. Sans Lui, nous sommes misérables et perdus, nous ne savons même pas du côté de qui nous sommes. La décision en faveur de Dieu, le fait de mettre Dieu à la première place, permettra que nos vies et toutes nos actions soient entièrement et clairement déterminées. (25 décembre 1991)

La famille, dans ce cas les parents, sont ceux qui transmettent l’expérience de Dieu à leurs enfants. Lorsque Dieu est à la première place, il y aura l’amour mutuel, ils seront au service de la vie et conduiront leurs enfants sur le droit chemin. Pour cette raison, Marie nous invite à encourager les plus jeunes « à prier et à aller à la messe ». (7 mars 1985) Seulement ainsi, les enfants apprendront à vivre ce que vivent leurs parents. Lorsque les enfants découvrent Dieu, lorsqu’Il entre dans leur vie et prenne la première place, ils resteront sur le chemin de la foi, de l’amour et de la paix.

Dans le message du 25 août 1996, Marie appelle les parents à enseigner leurs enfants, car s’ils ne sont pas un modèle pour eux, les enfants perdront la foi et se trouveront dans les ténèbres, le trouble et la mort.

Marie n’oublie pas les membres âgés des familles. Ils sont importants et il faut les encourager à prier. Les jeunes, quant à eux, doivent - par leurs vies exemplaires - devenir une aide pour tous et ainsi rendre témoignage en faveur de Jésus. (24 avril 1986)

De telles relations entre les jeunes et les plus âgés, et l’importance des personnes âgées dans les familles, ne peuvent être découvertes que dans la rencontre avec Dieu. Dans le rythme de vie actuel, les enfants et les personnes plus âgées sont souvent considérés comme une gêne et un obstacle qui empêche de profiter de la vie. Ces attitudes permettent la justification de l’avortement, la suppression des tout-petits et le rejet des personnes les plus âgées, qui peut aller jusqu’à l’euthanasie. Nous pouvons nous attendre à un changement d’attitude seulement si tout le monde fait le choix de Dieu, Créateur de tout, qui donne une profonde signification à chaque vie, menacée par les attitudes matérialistes. Pour cette raison, le 25 mars 1995, la Gospa a dit que là, où il n’y a pas de prière, il n’y a pas de paix non plus, et que là, où il n’y a pas de foi, il n’y a pas d’amour non plus. La paix naît de la rencontre avec Dieu, et l’amour d’une entière confiance et de l’abandon complet à Dieu. Dieu donne la paix, et la paix est le don de Dieu. (25 janvier 1996)

Lorsque Dieu sera à la première place dans les familles, la prière trouvera sa place et son temps, et cela permettra de chercher et de trouver la volonté de Dieu.

LA PRIÈRE EN FAMILLE

L’appel le plus fréquemment adressé aux familles est de prier en famille.

Dans le message du 2 juin 1984, Notre-Dame appelle à faire une neuvaine à l’Esprit Saint, afin qu’Il se déverse sur les familles et sur toute la paroisse. Ce désir de la Gospa nous rappelle sans doute son expérience de neufs jours de prière avec les apôtres, après l’Ascension de Jésus. Et Jésus envoya l’Esprit, le Défenseur, comme Il l’avait promis. La venue de l’Esprit a rempli le cœur de Marie et les cœurs des apôtres de force et de feu de l’Esprit Saint. Par cette effusion de l’Esprit Saint, les apôtres ont été rendus capables de témoigner de ce qu’ils avaient vu et entendu. (Cf. Ac 1,13-14 et 2,1,4) Il suffit de se remémorer les dons de l’Esprit Saint : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu, pour comprendre pourquoi la famille doit invoquer ensemble l’Esprit Saint, et pourquoi, spécialement aujourd’hui, nous avons besoin des dons de l’Esprit Saint. La famille est une communauté de vie dans la foi et l’amour, dans l’espérance et le respect mutuel, attentive aux besoins matériels, spirituels et psychologiques de chacun. L’homme est éduqué pour la famille et par la famille. Sans la famille, le développement normal de la personne est inimaginable. Tout peut bien s’y dérouler seulement si les cœurs sont continuellement remplis des dons de l’Esprit Saint. Nulle part ailleurs les dons d’intelligence, de conseil, de sagesse, de science, de force, de piété et de crainte de Dieu ne sont plus nécessaires.

Ce message de Marie est une réponse à tous les parents qui se demandent ce qu’ils peuvent faire de plus pour leurs familles en crise. Prier l’Esprit Saint signifie invoquer l’Esprit qui donne la vie, qui vivifie, qui transforme le vide et le désert en plénitude et en vie. (Gn 1,2) Cela signifie prier l’Esprit Saint qu’Ézéchiel a vu à l’œuvre lorsque la vie fut rendue aux ossements desséchés. (Ez 37,1-14)

Dans la mesure où l’Esprit Saint est à l’œuvre dans les familles, leurs membres seront transformés et deviendront des hommes nouveaux, et trouveront la force de vaincre leurs ténèbres par la lumière divine, de transformer l’aridité de leurs cœurs et de leurs âmes en richesse de la communion et de l’amour, de palier le manque d’amour par l’amour éternel qui est un don de l’Esprit Saint. Par la force de ce même Esprit, ils pourront guérir les blessures des cœurs causées par le manque d’amour. Dans son message du 28 mars 1985, Marie remercie tous ceux qui ont commencé à prier en famille et ceux qui se sont engagés, devenant ainsi chers à son cœur.

LA PRIÈRE DU ROSAIRE EN FAMILLE ET LE TEMPS CONSACRÉ À LA PRIÈRE

« Je demande aux familles de la paroisse de prier le rosaire en famille », a dit la Gospa le 27 septembre 1984. La prière du rosaire est une communion avec Marie et Jésus dans la joie, la douleur et la gloire. Dans cette communion, la famille grandit à l’exemple de la Sainte Famille. Chaque personne individuellement, chaque famille, chaque communauté recherche son modèle, son idéal. Lorsque l’on prie le rosaire en famille, les adultes avec les enfants, les plus âgés avec les plus jeunes, les bien-portants avec les malades, on contemple les vies exemplaires de Jésus, de Joseph et de Marie. La communion avec eux au cœur de la communion familiale concrète encourage quotidiennement les parents et les enfants à l’amour et au respect mutuel. C’est ainsi que l’on apprend en famille à vivre la joie, à porter la croix et les peines, et à faire l’expérience de la résurrection. Dans un message de novembre 1984, la Gospa dit que les familles doivent mettre la prière à la première place et ne jamais permettre que le travail et les obligations quotidiennes étouffent l’esprit de prière. Dans ce même message, elle appelle au renouveau de la prière, parce que le travail agricole avait à l’évidence étouffé la prière.

Lorsque nous prenons conscience de la situation dans nos familles en ce qui concerne la prière, nous pouvons comprendre pourquoi la Gospa souligne que nous devons mettre la prière à la première place. La prière, n’est-elle pas à la dernière place, sinon purement et simplement disparue de tant de familles ? Combien de familles ne prient que lorsque toutes les obligations quotidiennes ont été remplies, quand tout le monde est épuisé et ne peut accorder l’attention qu’à ce que la télévision offre, et qui ne demande aucun effort ? La vraie réponse à ce message serait de commencer la journée par la prière commune, ce qui est pratique, mais selon la conviction de nombreuses familles – impossible. À force de regarder la télévision tard le soir, les familles n’ont plus de temps le matin. Les activités matinales reportées, cela signifie souvent la journée perdue, et une rencontre manquée dans la matinée empêche à d’autres rencontres d’avoir lieu dans la journée.

Selon la nature la plus profonde de l’homme et de la communion familiale, rien ne serait plus naturel que la prière commune le matin et le soir.

Dans le message du 25 août 1995, Marie invite la famille à commencer la journée par la prière de louange et de la finir par la prière d’action de grâce. Le contenu de la prière du matin et du soir est donc clairement défini. Le matin, individuellement et communautairement, la famille fait le choix de Dieu et de sa sainte volonté. Elle décide, et elle prie pour cela, de rencontrer Dieu en chaque personne et de tout faire selon sa volonté. Dans la prière du matin, il faut - consciemment et avec gratitude - recevoir la nouvelle journée comme un grand don, et se mettre à la disposition de Dieu et des hommes.

Dans la prière du soir, c’est l’action de grâces qui doit s’exprimer. Tout ce que nous avons pu faire dans la journée, nous l’avons fait grâce à l’amour de Dieu. Le soir, il faut remercier, rendre grâce. L’action de grâces signifie reconnaître que les dons nous viennent de Dieu. En remerciant Dieu, l’homme lutte contre l’orgueil et contre la tentation de s’attribuer le mérite de ses œuvres. Notre reconnaissance va à Dieu et à autrui, ce qui signifie reconnaître l’œuvre de Dieu dans nos vies et dans la vie de nos familles, et prendre pleinement conscience du don que cela représente. L’action de grâces est la plus profonde expression de confiance et de foi en Dieu. Quiconque remercie Dieu, reconnaît que tout bien vient de Lui. De même, quiconque est reconnaissant, est capable de se repentir en vérité, car il pourra comprendre qu’il a dilapidé les dons de Dieu et a suivi sa propre volonté, plutôt que celle de Dieu.

La famille qui prie le matin pour la grâce de passer la journée dans l’amour, la paix, le respect mutuel et le travail bien fait, progressera spirituellement. Le progrès spirituel lui permettra de vivre toutes les vertus qui ornent une famille. De même, il est important qu’à la fin d’une journée, la famille réfléchisse ensemble aux événements de la journée, qu’elle remercie pour le bien et se repente pour le mal et le péché, et que les membres de la famille se pardonnent mutuellement les offenses ou les malentendus éventuels. C’est la condition pour que règne la paix dans la famille et pour un sommeil tranquille. Si quelqu’un, dans la famille, va se coucher sans s’être réconcilié et sans avoir pardonné, il ne trouvera pas de repos, car une âme blessée ne peut trouver de repos si elle n’est pas réconciliée avec les autres et si elle ne les a pas accueillis avec amour.

Renouveler la prière familiale signifie renouveler la rencontre avec le Père du Ciel qui nous aime infiniment dans son Fils, Jésus Christ. Sous l’emprise de l’amour du Christ à travers la prière, la famille pourra tout comprendre et tout accepter, y compris les croix et les maladies les plus lourdes. (Cf. le message du 25 janvier 1992) Les croix et les maladies engendreront la paix et la communion.

Parler avec le Père du Ciel est aussi important, sinon plus important, que de parler avec le père de famille. Une famille dont les membres ne dialoguent pas, perd ses bases et l’expression fondamentale de sa communion. Dans le message du 7 mars 1985, la Gospa appelle une nouvelle fois au renouveau de la prière.

Dans le message du 6 décembre 1984, la Gospa répète son appel à la prière en famille, et nous fait le reproche de ne pas l’avoir écoutée. Dans ce même message, elle veut que nous comprenions que tout ce qu’elle fait, elle le fait parce que Dieu l’envoie, et qu’elle nous parle en Son nom. Qui n’écoute pas son appel, n’écoute pas Dieu qui l’envoie.

Le problème de l’obéissance de la communauté paroissiale est repris dans le message du 14 février 1985. La désobéissance de la communauté paroissiale attriste le cœur de Marie : elle répète son appel adressé aux familles à l’écouter et à prier en famille. Le verbe « devoir » est rare dans les messages de Marie à Medjugorje. D’un point de vue pédagogique et méthodologique, cette expression n’empêche pas une réponse d’amour et ne met pas en question la patience de Marie, mais traduit son grand désir d’aider les familles à vivre dans une vraie communion avec Dieu.

L’AMOUR DANS LA FAMILLE

Aimer et être aimé est le désir le plus fondamental et le plus profond de chaque être humain. Il est inutile de dire à quel point l’amour et l’accueil sont importants dans l’école de vie qu’est la famille. Le manque d’amour et d’accueil au sein d’une famille provoque de profondes blessures. Il est bien connu que, dès sa conception, l’enfant ressent et sait s’il est accepté avec amour ou non. La pratique thérapeutique montre que certaines angoisses profondément ancrées, qui peuvent poursuivre une personne toute sa vie, ont souvent leur origine dans la période de la gestation, si, par exemple, le père et la mère avaient envisagé l’avortement.

C’est pourquoi, le message du 13 décembre 1984 est tellement clair. Il faut commencer à aimer en famille, puis dans la communauté paroissiale, et seulement ensuite toute l’humanité. Par ce message, Marie a voulu préparer la communauté paroissiale à l’accueil des pèlerins : « ...alors vous pourrez accepter tous ceux qui viennent ici ». (13 décembre 1984).

Encore une fois maternellement concrète, Marie demande dans le même message que la semaine suivant le message soit considérée comme un temps particulier où il faut apprendre à aimer. Il s’agit de la semaine avant Noël, qui est la fête de l’amour et de la vie. Nous commençons à pratiquer l’amour le jour où nous décidons de le vivre au cœur de nos familles. Dans le même message, Marie reprend la pensée de St Paul, selon laquelle nous ne pouvons rien faire sans amour. L’amour remplace toutes les lois, il les accomplit toutes, alors qu’aucune loi ne peut remplacer l’amour. Sans l’amour, rien n’a de valeur. L’amour donne une valeur éternelle à tout. (1Co 13,1-13) Avant le quatrième anniversaire des apparitions, le 6 juin 1985, Marie répète l’appel à aimer les membres de la maison, afin de pouvoir aimer ceux qui viennent. D’un point de vue chronologique, nous pouvons dire que Medjugorje est devenu un sanctuaire international à la fin de 1984 et, plus encore, en 1985. Le contexte des événements de Medjugorje à l’époque était le suivant : d’un côté, les pressions du régime communiste avec leurs tentatives visant à mettre une fin à tout, et de l’autre, les manœuvres très agressives contre Medjugorje en provenance de l’évêché de Mostar. Mgr Pavao Žanić, évêque de Mostar à l’époque, a publié fin octobre 1984 son pamphlet au sujet de Medjugorje. À certains moments, il semblait que les forces adverses, venant du monde et de l’Église, allaient étouffer les événements de Medjugorje. On peut néanmoins voir très clairement que Marie guidait toute chose sans se soucier et sans parler des attaques. Elle guidait et éduquait la communauté paroissiale et lui enseignait l’amour, victorieux de tout. Le jour de Noël 1991, alors que la guerre en Croatie faisait rage et que des signes avant-coureurs de la guerre en Bosnie-Herzégovine apparaissaient, Marie parlait encore d’amour et de paix : l’amour est une grâce pour laquelle il faut prier. Marie apportait Jésus, afin qu’Il bénisse tout le monde de sa bénédiction de paix et d’amour. Dans le message d’avril 1993, Marie utilise l’image de la nature qui se réveille au printemps et nous invite tous à nous ouvrir à l’amour comme la nature se réveille et s’ouvre à Dieu. Les cœurs qui s’ouvrent à l’amour, comme la nature s’ouvre, manifesteront et feront d’abord preuve de l’amour en famille. L’amour sauvera la famille du trouble et de la haine, et lui rendra l’esprit de prière. Par la prière, Dieu nous donnera la force de nous aimer les uns les autres. Marie sait à quel point il est important pour nous de comprendre cet appel à l’amour, d’être engagés dans le réveil de l’amour, c’est pourquoi elle nous redit son amour maternel. L’amour maternel est la condition nécessaire à la vie en général. Cet amour est particulièrement actif, il est la condition pour la naissance d’une nouvelle vie. Sans cet amour, la vie ne peut ni commencer ni subsister. La prise de conscience de l’amour de Dieu qui nous engendre à une nouvelle vie, et la prise de conscience de l’amour maternel de Marie, sont les conditions qui permettent à chacun de choisir l’amour, et que l’amour blessé soit guéri. En Jésus Christ, Dieu s’est révélé comme l’immense amour qui nous accueille inconditionnellement et qui est la condition de tout autre amour, surtout en famille, car Dieu s’est révélé comme Notre Père.

Dans le message du 25 janvier 1996, Marie nous enseigne que l’amour est la condition de la paix en famille : sans amour, il n’y a pas de paix.

Dans le même message, Marie parle du lien entre l’amour et le pardon. Nous sommes faibles ; nous sommes pécheurs et, à travers le péché, nous menaçons l’amour. L’amour de quelqu’un qui refuse de pardonner ne pourra pas durer, il est conditionné. Là encore, seul celui qui aime peut pardonner. Pour pouvoir comprendre avec le cœur et accueillir cet appel à l’amour et au pardon, nous devons prier avec ferveur.

LA BIBLE DANS LES FAMILLES

La Bible est la Parole de Dieu adressée à l’homme qui doit la lire, et ainsi connaître Dieu qui se révèle, ainsi que sa volonté, son amour, sa miséricorde et son pardon. Marie désire que les familles lisent la Bible et qu’elles prient. Il est important que chacun lise la Bible individuellement, et que la Bible soit lue en famille : c’est important pour la communion familiale à tous les niveaux. Qui lit la Bible en famille et médite la Parole de Dieu saura prier et témoigner ; la famille qui prie et médite ensemble sera une famille unie par la puissance de l’Esprit de Dieu.

Les voyants répètent souvent qu’il faudrait lire la Bible le matin, retenir une parole et la méditer tout au long de la journée.

Dans son message du 25 août 1996, Marie reprend la pensée au sujet de l’Écriture Sainte : nous devrions la lire et la méditer, prier et mettre en pratique, placer la Bible dans un endroit visible dans nos maisons. De cette manière, la Bible, la lettre de Dieu qui nous est adressée, nous accompagnerait à la sortie de notre domicile, quand nous allons travailler, nous invitant à ne pas oublier Dieu, et serait également la première à nous accueillir et nous saluer au retour. Si chaque membre de la famille regarde la Bible avant de quitter la maison, si la Bible est la première chose qu’il voit en rentrant, il développera de bonnes relations à l’égard de soi et d’autrui, à l’égard du travail, du temps et de l’éternité.

Ce désir de Marie nous rappelle ce que chaque membre du peuple de Dieu faisait et de ce qu’elle-même faisait sans doute. Dans le livre du Deutéronome (6,4-9), il est écrit : « Écoute , Israël : Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton cœur ! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout ; tu les attacheras à ta main comme un signe, sur ton front comme un bandeau ; tu les écriras sur les poteaux de ta maison. » Chaque membre du peuple élu de Dieu répétait cette prière quatre fois par jour et restait ainsi en permanence en contact avec la Parole de Dieu, en tant qu’individu et en tant que famille.

Souvenons-nous également des paroles de St Jérôme : « Quiconque ignore les Écritures, ignore le Christ. »

LA FAMILLE EST APPELÉE À LA SAINTETÉ ET À LA CONSÉCRATION

Tous ceux qui, par le baptême, ont été plongés dans la mort du Christ sont morts au péché et appelés à la sainteté. Dans le Credo, nous reconnaissons « L’Église, une, sainte, catholique et apostolique », qui est appelée à être sainte et immaculée. Ce qui concerne l’Église, concerne, a fortiori, tous ses membres et toutes les familles, or, la famille est souvent appelée « Église en petit ».

La sainteté est un appel à une vie concrète dans l’amour de Dieu et des frères. Cela signifie d’abord la guérison de la relation avec Dieu et avec autrui, et ensuite la croissance dans l’amour, la foi et l’espérance.

Marie désire que la famille soit le berceau de la sainteté. L’exemple de sainteté des parents et des personnes âgées sera une école de sainteté pour les jeunes. « Je vous prie d’aider par votre témoignage ceux qui ne savent pas vivre saintement... en particulier les membres de votre famille. » (25 juillet 1986) L’amour et le pardon, la bonté et la générosité, la douceur et la fermeté, l’amour de la vérité et de la modération sont l’expression de la sainteté et une école de sainteté dans les familles.

Pour que les familles puissent parvenir à la sainteté à l’exemple de Jésus et de Marie, plus précisément de l’Évangile, Marie invite chacun individuellement, les familles et les paroisses, à se consacrer à Jésus, son Fils bien-aimé, et au Cœur Immaculé de Marie. Ainsi « ...tout appartiendra à Dieu par mes mains ». (Cf. le message du 25 octobre 1988) Pour désigner la consécration, le latin utilise le mot « con-sacrare » ce qui indique la véritable signification de l’appel à la consécration. Se consacrer signifie décider de prendre Marie et Jésus pour exemple, être avec eux, vivre en leur compagnie et devenir comme eux, selon le dicton populaire : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirais qui tu es. » Quiconque vit en compagnie de Marie et de Jésus à travers la prière quotidienne, en particulier la prière du rosaire, se trouve dans la meilleure école de sainteté, et comprendra comment vivre dans la joie et dans la douleur, pour la gloire finale au Ciel.

Par la consécration, une personne se met consciemment en chemin avec Marie et Jésus. Ainsi, elle peut vaincre la terrible solitude qu’engendre le péché, et créer une nouvelle communion d’amour et de vie qui triompheront sur la mort et le péché.

LES PLANS DESTRUCTEURS DE SATAN

La famille doit se sanctifier et par la sainteté se défendre contre Satan et ses actions destructrices. Il sème la haine et la division, les graines les plus dangereuses pour la famille. C’est un cancer qui détruit la cellule fondamentale de la communion humaine. Le 25 octobre 1988, la Gospa a dit : « Satan est puissant, c’est pourquoi, petits enfants, par la prière persévérante, blottissez-vous contre mon cœur de Mère. » Marie est la femme de la Bible qui, avec son Fils, est victorieuse de Satan. (Gn 3,15 et Ap 12,1-6) Mgr Milingo, exorciste, a déclaré lors d’une conversation que Marie était le premier exorciste. Avec son Fils, elle vaincra Satan. Son fils, ce n’est pas seulement Jésus, mais chacun de nous, et sa famille n’est pas seulement la famille de Nazareth, mais chaque famille. Près de son cœur maternel, chaque personne et chaque famille sont protégées des agissements destructeurs de Satan. Dans le message de 25 janvier 1994, elle révèle une fois de plus les agissements de Satan et ses intentions : « en ces temps, il veut susciter le désordre dans vos cœurs et vos familles. Petits enfants, ne lui cédez pas ! Vous ne devez pas lui permettre de vous diriger, ni vous, ni votre vie ». Son désir est de nous arracher du pouvoir de l’amour de Dieu et de gouverner nos vies, nos familles, nos sentiments et nos décisions. Là, où il prend le commandement et gouverne, il ne reste que des ruines. Une fois de plus, Marie se manifeste comme celle qui nous protège par son amour et son intercession auprès de Dieu. Tant que les personnes et les familles n’accepteront pas son amour et sa protection, la porte restera ouverte à Satan qui nous tente jusque dans les petites choses. Alors, la foi, l’espérance et la charité disparaissent. (25 mars 1995)

LA PAIX DANS LA FAMILLE

Tout ce que Marie a dit sur la famille, tous les conseils qu’elle a donnés, tous les avertissements maternels, toutes les invitations à s’abandonner à Dieu et à choisir la sainteté, les invitations à l’amour et au pardon, mènent au but final désigné par le nom qu’elle s’est donné, disant : « Je suis la Reine de la Paix ». La paix est le désir le plus profond du cœur humain. Dans tout ce que l’homme fait, de bon ou de mauvais, il recherche en quelque sorte la paix. Qu’il tue quelqu’un, mette fin à ses jours ou qu’il donne sa vie pour les autres, il recherche toujours le chemin de la paix. La paix est une valeur biblique qui se réalise seulement lorsque la plénitude de tous les biens spirituels, psychologiques et physiques se réalise.

En réalité, la paix est possible seulement lorsque la vie est acceptée, aimée, respectée et protégée. C’est pourquoi, une fois de plus, la famille est un lieu de paix – et, par conséquent, de vie, ou bien un lieu de destruction – et, par conséquent, de mort.

Marie, Reine de la Paix et Ève nouvelle, Mère des vivants, tient à la paix de la famille.

Pour cette raison, la paix est une des principales intentions de prière dans la famille, la paix particulièrement menacée en ces temps. L’appel à prier pour la paix va de pair avec l’appel au jeûne, parce que tout ce qui arrive dans la famille et dans le monde dépend précisément de la prière et du jeûne. (Cf. le message du 25 juillet 1991. À cette époque, la guerre avait déjà embrasé la Croatie.) Dieu donne la paix et défend du trouble et du mal. (25 décembre 1992)

Tandis que Dieu désire la paix, parce qu’il est la source de la paix, et qu’à travers Marie, il nous invite à la prière et au jeûne, Satan désire le trouble, la guerre, la destruction de tout ce qui est bon dans les cœurs, dans les familles, et dans le monde entier. (25 mars 1993) Le trouble et la haine peuvent être vaincus et l’amour peut s’installer uniquement par la prière. (25 avril 1993) Dans le message de Noël 1994, Marie est la Mère qui se réjouit avec nous et qui prie avec nous pour la paix, pour la paix dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos désirs et dans le monde entier. Elle invoque la bénédiction de paix du Prince de la Paix, qui seul peut donner la paix. C’est pourquoi il faudrait finalement comprendre que la paix est un don de Dieu qui conduit à l’amour, comme l’amour conduit à la paix. (25 avril 1996)

Selon le témoignage des voyants, à chaque fin d’apparition, la Gospa dit : « Allez dans la paix, mes anges ! »

EXPRESSIONS IMAGÉES SUR LA FAMILLE

Comme son Fils, Marie utilise des images de la nature pour exprimer plus clairement ce qu’elle veut dire.

Dans le message qui précéda le Noël 1984, le 20 décembre, Marie a invité les familles à apporter une fleur à l’église et à la déposer près de la crèche, en signe d’abandon à Jésus. Dans le message du 1er mai 1996, elle a exprimé le désir que les familles soient des fleurs harmonieuses qu’elle désire offrir à Jésus, et que chaque personne soit un pétale de cette fleur dans la réalisation des plans de Dieu. Ce message a été donné au début du mois de mai, mois plein de fleurs et de beauté enchanteresse de la nature. Par cette image, Marie exprime tout ce qu’elle désire pour nos familles et pour l’unité de la famille en général.

En avril 1993, Marie nous invite à aller dans la nature pour regarder son éveil, ce qui nous aidera à ouvrir nos cœurs à Dieu le Créateur. La nature qui s’éveille du sommeil de l’hiver à une nouvelle vie est une preuve de la puissance créatrice de Dieu, une inspiration pour chaque cœur et chaque famille, conduisant à une nouvelle espérance et à l’accueil de la vie.

À travers tout ce qui vient d’être dit, on voit clairement la direction dans laquelle Marie guide la famille et le but pour lequel elle l’éduque. Sous sa protection et son intercession, par la puissance de l’Esprit de Dieu et la volonté du Père, la famille devient une communauté de vie, d’amour et de paix, un avant-goût du ciel, un rempart pour chaque personne - et surtout pour les enfants – qui les protège d’une vie sans Dieu.

Marie, Mère de la famille et Mère de l’Église ne peut trahir sa mission première : devenant Mère de Jésus, Mère de la Sainte Famille, elle devient Mère de chacun de nous et Mère de chaque famille. Par son intercession, Dieu renouvelle son « Église en petit ». Une collaboration généreuse avec Marie engendre la paix tant désirée. Ainsi soit-il !

Dr fr. Slavko Barbarić

Dr fr. Slavko Barbarić, ofm, est né en 1946 à Dragićina. Membre de la Province Franciscaine d’Herzégovine. Il étudie la Théologie à Visoko, à Sarajevo et à Schwaz (Autriche), et est ordonné prêtre en 1971. En 1982, il obtient son doctorat en pédagogie religieuse. Depuis, il vit à Medjugorje, où il écrit de nombreux livres et articles de spiritualité. Il travaille au Sanctuaire, anime de nombreuses retraites, conférences et rencontres sur les événements de Medjugorje dans de nombreux pays du monde.