La Mère de Dieu – la meilleure théologienne pastorale

Date: 03.02.2010.

Max Domej de la revue « Gebetsaktion Vienne » a eu l’occasion de rencontrer le cardinal Christoph Schönborn lors de son séjour à Medjugorje.

A Lourdes et à Fatima, l’Eglise a donné son jugement, son jugement définitif, seulement après que les événements aient cessés. Cela sera le cas, un jour ou l’autre ici, mais pour cela nous laissons les mains libres à la Mère de Dieu.


Votre excellence monsieur le cardinal Christoph Schönborn, c’est un immense honneur de vous rencontrer ici à Medjugorje. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a incité à venir?

Je connais Medjugorje depuis de longues années, pas personnellement puisque je ne suis jamais venu avant, mais dans notre diocèse, et bien plus loin, je vois les fruits de Medjugorje. J’ai toujours répété ce que Jésus dit dans l’Evangile: on reconnaît l’arbre à ses fruits. Quand, chez nous, je vois les fruits de Medjugorje, alors je peux dire avec certitude que l’arbre est bon. Je vais vous citer juste deux petits exemples.
A l’aéroport de Vienne, tandis que je passais les formalités de sécurité, l’un des gardes a vu sur ma carte d’embarquement que j’allais à Zagreb. Il m’a reconnu et m’a dit: «Vous allez à Zagreb?» – «Oui, et ensuite je continue vers Split et puis Medjugorje.» Son visage s’est éclairé et il m’a répondu: «Je suis déjà allé à Medjugorje!», et il a commencé à m’en parler avec enthousiasme... Et voilà l’un des gardes de la sécurité qui vous parle de gens qui grimpent sur le Krizevac, qui vous raconte l’atmosphère qui règne dans ce village de Bosnie-Herzégovine!…
Un autre exemple: tôt le matin, j’étais sur le quai d’une gare locale. Le directeur de la gare m’a reconnu. Nous avons commencé à discuter et lui m’a confié sa grande peine: son épouse était morte d’un cancer. Et tout de suite après il a ajouté: «… Mais des amis m’ont emmené à Medjugorje» et cela l’avait renforcé dans sa foi. Il irradiait d’une telle joie en me racontant son pèlerinage!
Voilà deux petits exemples parmi beaucoup d’autres, parmi beaucoup d’expériences liées à Medjugorje et que j’ai vécues. Je vais répéter ce que j’ai dit il y a longtemps, quand, au cours d’une interview, on m’a parlé de Medjugorje: si le Message de Medjugorje n’était pas bon, alors il nous faudrait renvoyer la moitié de nos séminaristes, dont les vocations sacerdotales sont liées directement ou indirectement à Medjugorje.
Comment en suis-je arrivé à avoir envie de me rendre à Medjugorje? J’ai toujours remis cela à plus tard puisque, en tant que cardinal, je suis très exposé en Eglise: il existe de nombreuses controverses et je ne désire pas donner lieu à des disputes, mais on sait ce que je pense de Medjugorje. Cependant, cet été, je suis allé à Saluzzo visiter la communauté du Cénacle. Je connais sœur Elvira depuis quelques années, je l’aime et je la respecte comme témoin exceptionnel du Seigneur Ressuscité et je sais aussi combien le Cénacle est profondément lié à Medjugorje.
A Saluzzo, j’ai vécu une intense certitude intérieure: il était temps que je me rende à Medjugorje. J’ai envie de dire que c’était une impulsion intérieure. J’ai exprimé mon désir que ma venue reste discrète: je désirais passer du temps en silence et en prière. Je ne voulais pas cacher ma venue, mais que l’on n’en parle pas partout. Je désirais tout simplement venir à l’endroit où la Vierge dispense tant de grâces.
Il faut dire qu’en 2008, le voyant Ivan est venu à Vienne et que j’ai eu l’occasion de discuter avec lui et que cette année [2009], c’est Marija Pavlovic-Lunetti qui est venue; les deux ont été accueillis à la cathédrale Saint-Etienne de Vienne; je l’avais permis. Les deux rencontres m’ont touché par l’humilité, la clarté, la cordialité et la simplicité des deux voyants. Cela m’a encore plus confirmé dans ma décision de venir ici, simplement et discrètement.

Vous êtes dominicain et les dominicains sont connus dans l’Histoire pour avoir diffusé le Rosaire. Ici la Mère de Dieu vient et nous demande de prier le Rosaire. Quelle est votre avis sur le Rosaire ?

En tant que dominicain, je devrais tous les jours prier le Rosaire et je suis gêné de devoir avouer que, dans ce sens-là, je ne suis pas un bon dominicain, car je n’arrive pas à prier le Rosaire tous les jours. Il est une chose que je peux dire cependant: pour moi le Rosaire a toujours été la prière du pauvre. En ce qui me concerne, il existe toujours des moments difficiles d’anxiété et dans ces moments-là, le Rosaire est comme une «corde de salut». De la même manière que l’on doit être attaché à une corde quand on fait de l’alpinisme, ainsi nous avons besoin du Rosaire. Le prêtre qui m’a fait rencontré les dominicains était un grand maître de scolastique, un vrai thomiste de l’ancienne école qui m’a toujours fasciné en tant qu’intellectuel, théologien, mais en même temps, c’était un protecteur et un promoteur brûlant du Rosaire. C’est ce qui m’a attiré chez les dominicains. Cela m’a touché alors qu’à l’époque j’étais un simple garçon de quatorze ans. D’un côté l’intelligence de l’intellectuel qui s’intéresse à la philosophie et à la théologie, et de l’autre côté cette simplicité de foi. Pour moi c’est la caractéristique principale des dominicains, de saint Dominique: saint Thomas, sa Somme théologique et le Rosaire.

Au bureau paroissial où les frères franciscains vous ont accueilli vraiment cordialement et joyeusement, vous avez dit que vous aimeriez apprendre la pastorale de la Mère de Dieu. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez voulu dire par là?

J’ai toujours été fasciné de voir que la Mère de Dieu avait une méthode pastorale particulière qui ne tient pas compte des manuels pastoraux-théologiques ou des enseignements. Prenons l’exemple de Lourdes que j’aime depuis ma jeunesse et que j’aime encore. Voilà comment j’imagine les événements: l’évêque de la ville de Tarbes avait certainement ses plans pastoraux et ses réflexions propres, quand arrive la Mère de Dieu qui ne demande ni son avis ni celui du curé. En plus, Elle apparaît dans un endroit impossible, dans une cavité dans une falaise, au-dessus d’une rivière où personne ne se rend jamais et Elle apparaît à une petite fille qui est analphabète, qui ne peut pas expliquer ce qu’est la Sainte Trinité, car elle n’a pas réussi à en retenir la définition pendant le catéchisme. Et Elle n’apparaît qu’à elle, juste comme ça… et Elle lui donne des directives précises sur ce qu’elle doit faire, ce qu’elle doit dire aux prêtres: qu’on doit venir en procession, qu’on doit bâtir une chapelle. Et ensuite Elle lui ordonne de creuser la terre – et de l’eau se met à couler… Le plan pastoral de la Mère de Dieu était très précis. Elle savait exactement. Et cela n’était absolument pas prévu dans le plan pastoral de l’Eglise, et pourtant cela a tout de même décidé du plan pastoral de la France entière et dans le Monde. Au Vatican, vous avez une grotte de Lourdes devant laquelle prie le Pape. Dans le monde entier, vous avez des grottes de Lourdes et les gens y viennent de partout pour faire ce que la Vierge leur a proposé là-bas. Et tout cela grâce à une petite voyante, Bernadette, et l’Eglise a reconnu les apparitions de Lourdes.
Je me suis dit: je désire voir comment est Medjugorje aujourd’hui, comment Marie nous dirige pas à pas, comment les gens d’ici ont vécu les débuts en 1981, comment ils vivent aujourd’hui.
Qu’est-ce que la Mère de Dieu avait en tête pour apparaître sur cette colline aride à un groupe d’enfants et commencer à leur donner des conseils de vie pratiques et cela durant toutes ces années? Cela me semble vraiment fascinant. Il faut penser à la pastorale, car je peux affirmer à travers le monde que c’est la Mère de Dieu qui est clairement la meilleure théologienne pastorale. En Amérique Latine, Elle a organisé des missions entières à travers Guadaloupe où elle est apparue à un Indien! et lui a dit ce qu’il devait dire à l’évêque. Elle ne l’a pas dit directement à l’évêque, elle l’a dit à cet Indien. Dans chaque pays, il existe de telles expériences et les théologiens devraient se pencher sérieusement sur cela.

Beaucoup de fidèles souffrent de l’attitude de rejet de l’évêque du lieu et cela leur sert également comme excuse pour ne pas être plus actifs dans la pastorale. Comme toute l’Amérique latine a été marquée par Guadaloupe, je pense que cet endroit rayonne d’une force particulière. Il faudrait trouver le moyen de protéger les fidèles des moqueries dont ils sont victimes…

Je pense que nous ne devrions pas nous en inquiéter. Ici également, la Mère de Dieu est le meilleur diplomate. Déjà à Cana, elle avait tout organisé de la meilleure manière. Elle sait comment réagir dans les moments difficiles et Elle le fait merveilleusement bien depuis des siècles. Elle nous dit: «Faites tout ce qu’Il vous dira!» Il est clair qu’Elle nous conseille d’obéir à l’Eglise. L’autorité suprême de l’Eglise c’est le Saint Siège, le Saint Père et sa Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est la plus haute autorité concernant toutes les questions de foi et de morale. L’autorité suprême de l’Eglise nous a donné des directives claires, non pas venant directement du Pape, mais de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui a confirmé ce qu’avait dit en son temps la conférence épiscopale yougoslave en 1991.
Premièrement: Non constat de supernaturalitatae. C’est une expression qui s’utilise rarement et qui signifie que la nature surnaturelle n’a pas été établie, mais c’est une formule classique de l’enseignement ecclésiale. Cela ne dit pas que le surnaturel est exclu, mais qu’il n’est pas – ou alors n’est pas encore – établi. Je suis membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et, s’il fallait en discuter, je suis prêt à soutenir que cela signifie que tant que les phénomènes durent il n’y aura pas de jugement final de l’Eglise, car une telle chose n’a jamais encore été faite. A Lourdes et à Fatima, l’Eglise a donné son jugement, son jugement définitif, seulement après que les événements ont cessé. Cela sera le cas, un jour ou l’autre ici, mais pour cela nous laissons les mains libres à la Mère de Dieu.
Deuxièmement : les pèlerinages officiels ne peuvent pas être organisés, donc moi je ne pourrais pas organiser un pèlerinage diocésain à Medjugorje. Ceci est en relation logique avec ce que je vous ai dit du premier point concernant la non-reconnaissance officielle; mais la formulation qui a été utilisée exprime clairement que le surnaturel n’est pas exclu: Non constat de supernaturalitata, c’est-à-dire, je le répète: ce n’est pas prouvé, mais ce n’est pas exclu.
La troisième chose que dit l’enseignement ecclésial, et cela est en accord avec ce qu’ont dit les évêques yougoslaves, c’est que les pèlerins qui viennent ici doivent être accompagnés spirituellement. Cela signifie qu’il doit vraiment exister une pastorale des pèlerins et nombreux sont ceux qui y mettent beaucoup d’effort, parmi eux Gebetsaktion Vienne qui prend soin des pèlerins, qui les suit avant, pendant, mais aussi après leur pèlerinage… Je pense donc que Medjugorje peut tranquillement suivre son chemin avec la certitude que l’Eglise, Mère et Educatrice, surveillera sérieusement le chemin sur lequel nous cheminons. Je voudrais conseiller la patience. La Mère de Dieu a tellement de patience ! Cela fait presque 29 ans qu’elle nous montre sa proximité et son souci pour la paroisse de Medjugorje et pour tant de pèlerins. Nous pouvons rester patients avec sérénité, car si 29 ans c’est long, devant Dieu ce n’est pas si long.

C’est vraiment incroyable de penser que les voyants auront au moins une apparition annuelle, et cela durant toute leur vie…

Je crois que la Gospa – Notre Dame en langue croate – mérite vraiment le nom qu’on lui donne: la Maîtresse. Elle sait ce qu’Elle fait. Elle vient directement du cœur de Dieu, ses buts et ses souhaits sont sûrement en accord avec ceux de la Sainte Trinité. Si Elle désire, peut-être durant toute une vie, exprimer sa proximité de cette manière, il doit y avoir une bonne raison à cela. Nous pouvons d’ores et déjà dire que durant ces 29 années, Medjugorje n’a pas faibli, n’est pas resté figé. Nous pourrions même affirmer, comme les frères franciscains l’ont dit hier, que même s’il n’y avait plus d’apparitions, les gens continueraient de venir pour expérimenter ici la proximité du Christ et de la Mère de Dieu de manière aussi puissante, de la même manière qu’à Lourdes où les apparitions ont cessé il y a 150 ans, mais où la présence de la Vierge Marie n’a jamais cessé. Tant de gens rencontrent la Vierge Marie à Lourdes et en reçoivent une telle consolation! Il y a peu de temps, j’ai vécu la même chose que tant de pèlerins: quand vous vous rendez de nuit à la grotte où la Vierge est apparue, pour prier à l’endroit où Bernadette a eu ses apparitions, vous pouvez simplement dire: Elle est ici. Et cela le restera, c’est certain.
C’est une grande consolation de voir tout ce qui rayonne de cet endroit par l’intercession de ses mains qui nous bénissent et de son cœur.