Entretien avec l’archevêque Mgr. Henryk Hoser à l’occasion du 40e anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Medjugorje

Date: 02.07.2021.

P. Łukasz Gołaś SAC: Je salue cordialement l’archevêque Mgr. Henryk Hoser en ce jour important, à l’occasion du 40e anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Medjugorje, les 24 et 25 juin. C’est un anniversaire très important, un moment important à Medjugorje où se trouvent les pèlerins, et je pense que c’est important dans le monde entier.

Archevêque Mgr. Henryk Hoser SAC: Sans aucun doute, c’est un grand anniversaire pour tous les pèlerins qui viennent à Medjugorje en grand nombre du monde entier, donc cette joie est partagée internationalement. Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le nombre 40 a une signification biblique, c’est un période où quelque chose d’important se passe. Et effectivement, il s’est passé quelque chose dans ce lieu, cela dure et continue à se développer.

Je peux dire que tout a commencé avec le témoignage de six jeunes, enfants, adolescents, qui ont affirmé avoir vu Notre-Dame sur Podbrdo qui s’appelle aujourd’hui la Colline des Apparitions : Notre-Dame s’est présentée comme la Reine de la Paix, elle appelle à la conversion, la pénitence, la vie en unité avec Dieu et l’expansion de la paix dans le monde. Au départ, les voyants se sont retrouvés en groupe, et plus tard, au fil des ans, ils ont également vécu différentes expériences individuelles, des rencontres avec Notre-Dame, comme ils le disent, ou des inspirations qui s’appliquaient à eux individuellement. C’est le thème fondamental, et l’Église n’a pas (encore) reconnu les apparitions en tant que telles. Elles sont d’un tout autre caractère que les apparitions «classiques» qui ont eu lieu à Lourdes ou à Fátima. C’est une des raisons pour lesquelles l’Église n’est pas pressée. Parce que le message de Notre-Dame n’est pas vraiment nouveau, elle appelle constamment à la conversion, à la prière, à la pénitence, à la vie par les sacrements, et à découvrir Jésus-Christ dans nos vies. Quand elle parle des incroyants, elle n’utilise pas ce mot, mais dit que ce sont des personnes qui n’ont pas encore connu l’amour de Dieu.

Le phénomène de Medjugorje a commencé il y a 40 ans. Cette spiritualité et ce lieu ont d’abord été remarqués par les habitants de Bosnie-Herzégovine, puis par la Croatie, et finalement cette spiritualité s’est répandue dans le monde entier. Avant la pandémie, environ 2 millions de personnes venaient à Medjugorje chaque année. Cet endroit est universellement connu, c’est un endroit qui attire beaucoup de monde, beaucoup de pèlerins du monde entier. Cet endroit est important pour le sud-ouest des Balkans, comme Częstochowa (Czestochowa) en Pologne. Les gens viennent à Medjugorje pour se confesser, ils viennent à Medjugorje pour les grandes fêtes. Pendant la pandémie, ce sont les pèlerins locaux qui ont assuré la présence des fidèles à toutes les liturgies et célébrations. Grâce à cela, Medjugorje est unique.

40 années ont passé et ce sont 40 années de croissance. Il y a eu trois périodes.

La première période, à l’époque de l’ex-Yougoslavie, c’est-à-dire du règne du communisme, peut être comparée à Fátima, car le régime a persécuté les voyants et les prêtres qui s’occupaient d’eux. Le curé de l’époque a été condamné à deux ans de prison pour les avoir protégés, défendus, pour avoir persévéré dans l’affirmation que c’était la vérité. Ce fut donc une période très difficile semblable à celle de Fátima, où la police et l’administration de l’État, encouragées par la franc-maçonnerie, persécutèrent les enfants de Fatima, et ici la persécution était inspirée par le communisme.

La deuxième période était le temps de la guerre. Cette guerre n’a pas eu lieu à Medjugorje même, il n’y a pas eu de combats à Medjugorje même. Cependant, Medjugorje était une source de force pour tous et une source d’aide matérielle, car à travers Medjugorje arrivait l’aide humanitaire du monde entier, principalement d’Italie. Une assistance a été fournie là où les besoins étaient les plus visibles.

Après la guerre vint l’ère du jeune État de Bosnie-Herzégovine, né des négociations de Dayton, un État compact composé de trois groupes religieux, musulmans - ils sont les plus nombreux, orthodoxes et catholiques romains au sud.

Tel est donc le contexte géographique de Medjugorje, et Medjugorje appelle à la paix, à l’unité.

En tout cas, ce lieu est modeste, en termes d’architecture, incomparablement plus modeste que Lourdes ou Fátima, compte tenu de la différence du temps des apparitions. C’est le terrain d’un triangle inhabituel, où une pointe est l’église paroissiale, l’autre la Colline des Apparitions, et la troisième le Križevac, c’est-à-dire l’endroit où se dresse la croix de 8 mètres de haut, qui y a été construite en 1933 pour le grand jubilé du 1900e anniversaire de la Rédemption.

En raison de la pandémie, le nombre de pèlerins a diminué, mais ils venaient toujours, bien sûr, des pays voisins. Maintenant, le nombre de pèlerins augmente et lors du 40e anniversaire de nombreux pèlerins sont venus, l’arrivée de 50 autocars de Pologne, 30 autocars d’Ukraine a été annoncée… Ainsi l’arrivée des pèlerins était en quelque sorte renaissante.

La nostalgie de Medjugorje est spécifique. Quiconque y est venu une fois peut difficilement ignorer l’invitation à revenir. Des foules, vraiment des foules de gens reviennent ici plusieurs fois. Je connais un homme de la paroisse Varsovie-Prague de Notre-Dame d’Ostrobram qui venait une fois par mois. C’est un vrai phénomène. Pour moi, c’est le terme le plus approprié pour Medjugorje – un phénomène. Pourquoi ? D’abord parce que les apparitions n’ont pas encore été reconnues, et ensuite: Medjugorje n’a pas de titre spécifique, c’est simplement une paroisse et rien de plus. Ce n’est pas un sanctuaire, il n’a même pas le titre de lieu de pèlerinage, mais il est de facto reconnu par l’Église elle-même. Grâce au Pape François, nous avons des décrets qui ont donné à Medjugorje une certaine personnalité juridique, donc un Visiteur apostolique a été nommé avec un rôle spécial pour la paroisse de Medjugorje, et plus tard une décision a été prise d’abattre tous les barrages et de permettre l’arrivée non seulement de laïcs ; les diocèses sont désormais autorisés à organiser des pèlerinages et les évêques, archevêques et cardinaux peuvent y célébrer solennellement la liturgie.

Donc, de facto, nous avons ces éléments qui fonctionnent et facilitent l’arrivée des pèlerins, qui est maintenant quelque peu ralentie. Cette année, nous préparons le Festival des Jeunes, mais il sera aussi modeste. Pour diverses raisons, de nombreux évêques ne peuvent pas venir au Festival de cette année. Mais cette continuité existe toujours et je dois exprimer ma grande gratitude à la communauté locale des Pères Franciscains. Ils y jouent un rôle comme les Paulins à Częstochowa et grâce à eux, grâce à leur persévérance, cette continuité de l’histoire de Medjugorje est maintenue et se développe grandement.

P. Łukasz Gołaś SAC: Mons. archevêque, ces jours-ci, du 24 au 25 juin, il y a beaucoup de monde à Medjugorje. Avez-vous un message pour tous ceux qui sont là et qui participent à ce grand anniversaire ?

Archevêque Mgr. Henryk Hoser SAC: La première chose est ce que Notre Dame a dit à Medjugorje, c’est-à-dire l’appel à la pénitence, à la conversion, à la paix et à la découverte de Jésus Christ dans nos vies. Un autre aspect très important qui fonctionne à Medjugorje est la vie par les sacrements. Notre vie quotidienne est souvent privée des sacrements. Elle est, pourrait-on dire, plus humaniste, et trop peu religieuse, en ce qui concerne la religion, le christianisme. Ce lieu nous rappelle l’importance de la relation de l’homme avec Dieu. Nous avons différentes relations horizontales avec d’autres personnes, des relations qui se sont développées ou qui somnolent, mais cette relation avec Dieu est grandement négligée. Elle consiste en un contact direct entre l’homme et Dieu, qui s’exprime dans la prière quotidienne, dans un mode de vie adapté. Nous devons aussi témoigner par notre culture chrétienne, par notre comportement, par notre morale individuelle et sociale. Cela a déjà été souligné à l’âge apostolique. Je pense que ces éléments sont très présents dans le message de Medjugorje et que les gens retournent toujours avec joie dans leur vie quotidienne en portant dans leur cœur ce qu’ils ont reçu de Dieu lors de leur pèlerinage.