Neum 1999

SÉMINAIRE DE PRIÈRE ET DE FORMATION

Pour les responsables des centres de paix, des groupes de prière et pour les organisateurs de pèlerinages

28 février - 5 mars 1999

PROGRAMME

1. Le document du Saint Siège à propos du pèlerinage de l’an 2000 (Prof. dr. Adalbert Rebić)
2. La spécificité des pèlerinages aux grands sanctuaires marials (P. Stanisaw Kania)
3. Dimensions anthropologiques, bibliques, religieuses et spirituelles du pèlerinage avec l’application concrète à Medjugorje (Dr. fr. Slavko Barbarić, ofm)


PRÉSENTATION DES CONFÉRENCIERS

Prof. dr Adalbert Rebić est né en 1937 à Hum na Sutli (Croatie). Études de philosophie à Zagreb et à la l’Université Grégorienne à Rome et de théologie à la Grégorienne. Institut Biblique. Depuis 1968, enseigne les sciences bibliques et les langues orientales (hébreu, arabe, syriaque, araméen) à la Théologie catholique de l’Université de Zagreb. Enseigne aux séminaires de Zadar et Đakovo. Chargé des finances de la Faculté. Rédacteur en chef de la revue « Bogoslovna smotra » (Revue théologique), directeur de la bibliothèque de la Faculté. Depuis 1972, président de l’Institut mariologique croate, organise la section croate lors des congrès mariologiques à Rome, Malte, Zaragoza, Kevelaer, Huelva et Czestochowa. Rédacteur des éditions bibliques de la maison d’éditions « Kršćanska sadašnjost » (Actualité chrétienne), rédacteur en chef du Dictionnaire des religions de l’Institut lexicographique « Miroslav Krleža » à Zagreb. De 1991 à 1996 directeur du Bureau pour les exilés et déplacés auprès du gouvernement de la République de Croatie. En 1995, ministre sans portefeuille du gouvernement de Croatie. Décorée par le président de la République et l’Académie Croate des sciences et des arts. Auteur d’une quinzaine d’œuvres importantes, rédacteur de 11 ouvrages communs dans le domaine de la mariologie. Auteur d’environ 430 articles publiés dans des revues théologiques en Croatie et à l’étranger. Traducteur de 26 livres en diverses langues. Depuis 1970, membre du « Prebendarski zbor zagrebačke Prvostolnice ». Depuis 1966 a organisé et animé une cinquantaine de voyages en Terre Sainte. Membre de la Société des traducteurs littéraires croates, membre de la Société des artistes croates, membre régulier de l’Académie pontificale internationale mariologique, membre de la société culturelle juive « Shalom Freiberger » à Zagreb, membre de la rédaction de la revue internationale théologique « Communio ».

P. Stanislaw Kania, piariste, est né le 24 février 1948 en Pologne. Fait des études en philosophie, théologie et Histoire de l’Église à l’Institut de Théologie à Cracovie et à l’université catholique à Lublin. Ordonné prêtre en 1973. Recteur du Séminaire, secrétaire de la Province de 1982 à 1985. Fondateur de la « Fraternité de la Vierge des pauvres », école dont il est aumônier. En 1985, fondateur de « SOS » pour les enfants des familles pauvres et les familles en difficultés, dont il est encore aujourd’hui l’aumônier. Il s’agit d’un lieu où les enfants peuvent étudier, jouer, trouver une aide médicale, psychologique et spirituelle. Recteur du monastère de Cracovie. Vient à Medjugorje depuis 13 ans. Depuis 1988, rédacteur et éditeur de la revue inspirée par Medjugorje « Signe de la paix » et d’autres livres et publications sur Medjugorje. Depuis 1986 organise régulièrement et accompagne les pèlerinages à Medjugorje.

Dr fra Slavko Barbarić, ofm, est né en 1946 à Dragićina. Membre de la Province Franciscaine d’Herzégovine. Il étudie la Théologie à Visoko, à Sarajevo et à Schwaz (Autriche), et est ordonné prêtre en 1971. En 1982, il obtient son doctorat en pédagogie religieuse. Depuis, il est à Medjugorje, où il écrit de nombreux livres et articles de spiritualité. Il travaille au Sanctuaire, anime de nombreuses retraites, conférences et rencontres sur les événements de Medjugorje dans de nombreux pays du monde.

DÉCLARATION

Environ 150 personnes venant de 15 pays ont participé à cette rencontre. Comme chaque année, les participants se sont mis d’accord sur une déclaration :

Nous avons réfléchi sur le document du Saint Siège « Pèlerinage dans le grand jubilé de l’an 2000 », sur les particularités des pèlerinages dans des grands sanctuaires mariaux, avec une attention particulière accordée à Medjugorje. Conscients du fait que le pèlerinage occupe une place importante dans la vie des fidèles, nous souhaitons organiser nos pèlerinages d’autant mieux et en faire vraiment une occasion et une motivation pour les fidèles à se construire spirituellement, à approfondir leur vie de foi et à orienter leurs vies vers Dieu. C’est pourquoi, nous exhortons tous les Centres de Medjugorje et tous les groupes de prière :

  • à se joindre aux programmes des pèlerinages du Grand jubilé de l’an 2000 organisés dans leurs Églises locales
  • à préparer, accompagner et organiser les pèlerinages à Medjugorje à la lumière de ce document du Saint Siège, afin que les pèlerins puissent faire l’expérience d’une « rencontre silencieuse et recueillie avec Dieu et avec eux-mêmes », tout particulièrement dans le sacrement de réconciliation et dans la célébration eucharistique.

CONFÉRENCES

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Prof. Dr Adalbert Rebić

LE DOCUMENT DU SAINT SIÈGE À PROPOS DU PÈLERINAGE DE L’AN 2000

Le 25 avril 1998, le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants a publié le document sur « Le pèlerinage du Grand jubilé de l’an 2000 ». Le titre même du document exprime la motivation de sa publication : le Grand Jubilé de 2000 ans depuis la naissance du Christ. « Le but fondamental du pèlerinage historique actuel de l’Église est le Grand jubilé de l’an 2000, que le croyant approche sous la protection de la Sainte Trinité. »[1] Les nombreux pèlerinages, principalement vers la Terre Sainte (Jérusalem et Bethléem) et Rome, seront organisés afin de contribuer à l’approfondissement de la vie spirituelle et à la fécondité de la pastorale.

Le pèlerinage a toujours occupé une place importante dans la vie des chrétiens et des croyants en général. « Tout au long de l’histoire, les chrétiens se mettaient en route pour célébrer leur foi dans les endroits qui gardent le souvenir du Seigneur ou ceux qui représentent les instants importants de l’histoire de l’Église. Ils ont visité les lieux où la Mère de Dieu est vénérée ou ceux qui rappellent les exemples vivants des saints. Leur pèlerinage représente une démarche de conversion, une expression de leur désir de l’intimité de Dieu, une prière confiante concernant leurs besoins matériels. Par de multiples aspects, le pèlerinage a toujours été pour l’Église un merveilleux don de Dieu. »[2] Les pèlerinages sont actuellement une forme de dévotion très recherchée. La société contemporaine est fortement marquée par des mouvements intenses. L’homme aspire aux déplacements : les voyages apportent le repos, entraînent de nouvelles rencontres, permettent de connaître de nouveaux pays et de nouvelles personnes, et conduisent à l’enrichissements de la personne. Grâce aux moyens de transport modernes, les croyants peuvent facilement partir loin de leur pays : vers la Terre Sainte, vers les sanctuaires mariaux comme Lourdes, Fatima, Czestochowa, ailleurs dans le monde ou dans leur propre pays. Au sujet du pèlerinage, la pastorale doit donc disposer de fondements théologiques clairs qui le justifient et qui développent une pratique solide et permanente dans le contexte de la pastorale en général. L’évangélisation, l’approfondissement de la foi et de la vie spirituelle figure, en effet, parmi les premiers objectifs en vue desquels l’Église propose et encourage les pèlerinages[3]. Le document « Pèlerinage… » est une réflexion théologique sur la signification du pèlerinage qui donne des orientations pastorales sur son organisation et son déroulement. Dans ce sens, c’est un document providentiel offert aux croyants, tout particulièrement aux responsables de la pastorale, qui y trouveront une précieuse aide spirituelle en vue d’une expérience plus profonde et plus intense du Grand Jubilé. Le document propose une aide « à tous les pèlerins et à tous les responsables de la pastorale des pèlerinages en vue d’une participation plus complète aux richesses spirituelles de la pratique des pèlerinages, à la lumière de la Parole de Dieu et de la tradition séculaire de l’Église. »[4] Le document du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants veut enrichir le sens spirituel des pèlerinages organisés par les pasteurs à l’occasion du Grand Jubilé de l’an 2000. Il veut fermement relier les pèlerinages à la réalité de la pénitence et de la conversion : le pèlerinage est une occasion et une motivation offerte au fidèle en vue de la croissance spirituelle, de l’approfondissement de sa vie de foi, de l’orientation de son cheminement vers Dieu.

Le document « Pèlerinage… » comporte six parties, une introduction et une conclusion. L’introduction met en exergue la raison et la finalité du document, la conclusion en donne le couronnement théologique. Dans la 1ère partie, le document expose le pèlerinage d’Israël, dans la 2ème, le pèlerinage du Christ, dans la 3ème, le pèlerinage de l’Église, dans la 4ème, le pèlerinage vers le troisième millénaire, dans la 5ème, le pèlerinage de l’humanité et dans la 6ème et dernière partie, le pèlerinage des chrétiens aujourd’hui : il s’agit ici d’une synthèse de la théologie du pèlerinage. Le texte est concis, facilement accessible et compréhensible.

Le pèlerinage n’est pas un phénomène propre aux chrétiens, mais connu de toutes les religions. « Le pèlerinage symbolise l’expérience de l’homme-voyageur (homo viator) qui, à peine sorti du sein maternel, commence le voyage de sa vie dans le temps et dans l’espace. »[5] Le pèlerinage est le voyage du croyant vers un lieu saint, sanctifié par la manifestation d’une divinité, par l’activité d’un maître spirituel ou le fondateur d’une religion, dans l’intention d’y prier et d’y offrir des sacrifices. En tant que tel, le pèlerinage est une expérience religieuse spécifique et un phénomène lié à toutes les religions, qui existe depuis que les religions existent. Un sanctuaire, dans lequel ou autour duquel se rassemblent des fidèles, est généralement érigé dans un tel lieu. Un lieu saint peut être situé dans le pays du pèlerin ou ailleurs, parfois très loin. Le but du pèlerinage est généralement l’obtention d’un bien matériel ou spirituel, susceptible - selon la croyance du pèlerin - d’être accordé en ce lieu précis. Par sa nature, le pèlerinage est généralement lié aux sacrifices et aux renoncements : le bien ou la grâce obtenus dans le lieu saint sont considérés comme récompense de l’effort accompli par le pèlerin. Les biens recherchés peuvent être de diverses natures : ils vont de la guérison d’une maladie jusqu’à l’obtention de la vie éternelle.[6] Le pèlerinage est une pratique très populaire chez les fidèles, car :

  1. Il engage toutes les facultés humaines (audiovisuelles, motrices, émotionnelles).
  2. Il souligne et approfondit les liens humains, éléments importants des émotions religieuses.
  3. Il souligne la valeur et prolonge le souvenir religieux lié à ce lieu.
  4. Il affermit les liens internationaux, sociaux, culturels et de civilisation qui dépassent les limites de la nation, et même de la race.

Lors du voyage, les pèlerins s’arrêtent, vendent, achètent, échangent des biens matériels et spirituels, apprennent à connaître les valeurs culturelles des peuples chez qui ils sont venus en étrangers (en latin : peregrini) et dont ils ont fréquenté le milieu. Aussi le pèlerinage, en tant que tel, apparaît assez tard dans l’histoire des religions, notamment lorsque les relations sociales (la famille, le clan, la tribu, le peuple, l’état, les routes, les sanctuaires etc.) sont parvenues à un certain stade de développement.[7]

L’histoire du Peuple élu relatée dans l’Ancien Testament est en réalité un pèlerinage grandiose sur les chemins de la foi : la sortie d’Egypte, le passage de la Mer Rouge, la traversée du désert, les tentations et le péché, l’entrée dans la Terre Promise, l’exil en Babylonie et le retour dans l’ancienne patrie. Les Israélites avaient coutume de monter trois fois par an vers la Ville Sainte de Jérusalem : pour les grandes fêtes de Pessah, de Shavouoth et de Sukkoth. Inspiré par la pratique du pèlerinage juif et chrétien, Mahomet ordonne aux musulmans : « Faites le pèlerinage et visitez les lieux saints par amour de Dieu ! » (Coran, II, 196). Chaque année, des milliers de musulmans se rendent donc à Mecque et à Médine. Le pèlerinage est considéré comme l’un des cinq piliers de la religion islamique.

Les adeptes de l’hindouisme se rendent au fleuve saint du Gange, leur « mère », qui les purifie du péché. Les bouddhistes vont en pèlerinage vers les lieux sanctifiés de son vivant par Bouddha. Les shintoïstes partent dans les forêts profondes pour y méditer en silence parmi les buissons. Les chrétiens, à leur tour, se rendent aux lieux où Dieu s’est révélé, ou ceux liés à la vie, la Passion, la mort et la Résurrection de Jésus Christ et de ses saints.

Le pèlerinage se différencie du tourisme, considéré comme une échappée de la vie quotidienne vers quelque chose d’inhabituel, de peu ordinaire, d’amusant, alors que le pèlerinage est un voyage riche en symbolique vers un but précis. Le pèlerin est en route vers le sanctuaire considéré comme « la maison du Seigneur », vers la maison symbolique du Seigneur qui, dans le langage mythique, se trouve dans les Cieux. La symbolique est donc l’élément spécifique qui distingue le pèlerinage du tourisme. Un symbole contient deux vérités : une au niveau de la réalité, une autre au niveau allégorique. Trois morceaux de tissu – rouge, blanc et bleu – sont des objets ordinaires, possédant une signification et un usage qui leur sont propres. Cousus ensemble, ils deviennent le drapeau rouge-blanc-bleu, symbole d’un état, d’un peuple. Le pèlerinage est un acte symbolique : un voyage symbolique vers Dieu. « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau. Oui, au sanctuaire je t’ai contemplé, voyant ta puissance et ta gloire. » (Ps 63,2-3) Pour les croyants, la vie est un voyage, un pèlerinage. Ils mènent une vie fermement ancrée dans la réalité, à savoir dans l’histoire, qui est en même temps un voyage, un pèlerinage vers le Salut.

Dans la première partie (N°s 4-8), le document expose le pèlerinage d’Israël, commençant par le pèlerinage d’Adam et passant par celui d’Abraham et du Peuple élu de l’Ancien Testament : la sortie d’Egypte, la traversée du désert et l’entrée dans la Terre promise. La sortie d’Egypte a revêtu une valeur durable : elle est devenue le souvenir (en hébreu : zikkaron, en latin : memoriale) toujours vivant dans le peuple, vécu une deuxième fois lors du retour de la captivité babylonienne, chanté par Deutéro-Isaïe comme un nouvel Exode (cf. Is 43,16-21) célébré par Israël chaque année lors de la Pâque et transformé dans le Livre de la Sagesse en une réalité eschatologique (cf. Sg 11-19). Le but final d’un tel voyage est « la Terre promise » de la communion parfaite avec Dieu dans une nouvelle création (cf. Sg 19).[8] Le fidèle de l’Ancien Testament se présente devant Dieu comme « un étranger et un pèlerin » (Ps 39,13 ; 119,19). Les Israélites montaient vers Jérusalem, la Sainte Sion, en chantant des hymnes de joie, « les psaumes du pèlerinage » (Ps 120-134). Ils faisaient leur expérience avec Dieu-pèlerin qui marche toujours avec son peuple. Le Dieu d’Israël n’est pas lié à un lieu précis, comme c’était le cas des dieux des païens, mais voyage avec le peuple, est présent partout. Dans leurs annonces, les prophètes soulignent également « le pèlerinage messianique », ouvert aux horizons eschatologiques, où tous les peuples de la terre se rendront à Sion, le lieu de la Parole de Dieu, de la paix et de l’espérance (cf. Is 2,2-4 ; 56,6-8 ; 66,18-23 ; Mi 4,1-4 ; Za 8,20-23). »[9] Le but de ce mouvement général des peuples est « le festin pour tous les peuples » à la fin de l’histoire (Is 25,6).

La deuxième partie du document traite du pèlerinage du Christ. Jésus se présente comme « La voie, la Vérité et la Vie » (cf. Jn 14,6). Par son Incarnation et la naissance de la Vierge, il emprunte le chemin de son peuple et de toute l’humanité « s’unissant d’une certaine manière à chaque homme ».[10] Plus que de montrer le chemin vers Dieu, il marche lui-même sur ce chemin. En sa personne, Il est le Chemin vers Dieu. Enfant, il va en pèlerinage à Jérusalem, au Temple, avec ses parents. Sa vie publique prend la forme d’un pèlerinage continu de Galilée, en passant par la Samarie et la Judée, jusqu’à Jérusalem, où il sera crucifié. Saint Luc l’évangéliste décrit la vie de Jésus comme « un grand voyage qui a pour but non seulement la Croix, mais également la gloire de la Résurrection et de l’Ascension » (cf. Lc 9,51 ; 24,51).[11] Lors de la Transfiguration sur le Mont Thabor, Luc présente la mort de Jésus comme une « sortie » (en grec : exodos). Lorsque Jésus appelle ses disciples à Le suivre, il dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mt 16,24)

Les disciples de Jésus, inspirés et vivifiés par l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, se rendent sur les chemins du monde, abordent différents peuples et pays et annoncent l’Evangile du Christ partout, de Jérusalem jusqu’à Rome.[12]

« La finalité dernière de ce pèlerinage sur les chemins du monde n’est pas inscrite sur le planisphère : elle se trouve au-delà de notre horizon terrestre, comme elle l’a été pour le Christ qui voyageait avec les hommes afin de les amener à la pleine communion avec Dieu. »[13] il nous faut remarquer que les Actes des Apôtres qualifient la vie chrétienne comme « la voie » (cf. Ac 2,28 ; 9,2 ; 16,17 ; 18,25-26 etc.) La vie chrétienne est présentée comme un pèlerinage vers la Jérusalem céleste (Révélation), un pèlerinage avec un but transcendantal. Le chrétien sait qu’il est « voyageur », « étranger et nouveau-venu », sur la terre, et que « sa patrie est aux Cieux ».[14]

Dans la troisième partie, le document développe le pèlerinage de l’Église (N° 12 à 17). L’Église, peuple messianique de Dieu, est aussi en chemin vers la ville future et éternelle.[15] Les apôtres du Christ ont traversé les principales routes romaines, les chemins de la terre et les voies maritimes, ont rencontré diverses langues et cultures annonçant l’Évangile du Christ : de l’Asie Mineure à l’Italie, de l’Afrique à l’Espagne et à la Gaule, et, finalement, de l’Allemagne à la Grande Bretagne, et des pays slaves jusqu’à l’Inde et la Chine. Dans les temps plus récents, ils ont continué à marcher vers de nouveaux pays et de nouveaux peuples en Amérique, en Afrique, en Océanie, prolongeant ainsi « la marche du Christ au cours des siècles ».[16]

Au 4e et 5e siècles, l’Église voit apparaître le mouvement monastique : une migration ascétique, un exode spirituel. Les hommes pieux partent au désert pour y méditer sur l’expérience d’Abraham, nouveau-venu et étranger, sur la figure de Moïse qui fait sortir le peuple d’Egypte pour le conduire vers la Terre promise, ainsi que sur celle du prophète Elie qui rencontre Dieu sur le Mont Carmel.[17] À cette époque, Jérôme et ses disciples Paule et Eustochie partent en direction de la Terre Sainte. Ils s’installent à Bethléem, près de la grotte de la Nativité de Jésus. Ils érigent les monastères, les laures, les ermitages et les cénobiums dans le désert de Judée et, en dehors de la terre Sainte, en Syrie, en Cappadoce, à Thébaïde, en Egypte. Jérôme et d’autres saints Pères appellent les chrétiens à venir en pèlerinage vers les lieux saints,[18] tout en les mettant en garde contre les excès, les malentendus et les incompréhensions. Saint Grégoire de Nysse met en garde le pèlerin, disant que « le vrai pèlerinage est celui qui conduit le fidèle de la réalité physique à la réalité spirituelle, de la vie dans la chair à la vie dans le Seigneur, et non le fait de partir de Cappadoce en Palestine. »[19] Saint Augustin conseille : « Entre en toi-même : la vérité demeure dans le cœur de l’homme !… Et dépasse-toi toi-même ! »[20] Saint Jérôme met également en garde contre une conception formaliste du pèlerinage.[21]

Lorsque, en 638, les Arabes ont conquis la Terre Sainte, les voyages des pèlerins chrétiens ont été rendus difficiles. De nouveaux chemins s’ouvrent alors à l’Occident : Rome (« la route ad Petri sedem »), le chemin de Saint Jacques de Compostelle, les sanctuaires marials de Lorette et de Jasna Gora à Czestochowa, les grands monastères du Moyen Age, forteresses de l’esprit et de la culture, lieux qui incarnent le souvenir de grands saints (Tours, Canterbury, Padoue et autres).[22] Au Moyen Âge, nous sommes confrontés à une vraie vague de pèlerinages dans toutes les directions de l’Europe et du monde, comportant quelques excès. Ces pèlerinages nourrissaient la spiritualité, fortifiaient la foi, faisaient grandir la charité, ravivaient la mission de l’Église. Les « palmiers », pèlerins portant un vêtement spécifique, forment comme un ordre particulier rappelant au monde la nature de la communauté chrétienne qui tend vers la rencontre de Dieu et la communion avec lui.[23] Le mouvement des croisés est une forme particulière de pèlerinage apparue entre le 11e et le 13e siècles. Ce mouvement réunit « l’ancien idéal religieux de pèlerinage sur des lieux saints en Terre Sainte avec des idées nouvelles : la création de l’ordre de la chevalerie, les aspirations sociales et politiques, l’éveil des idées marchandes et culturelles orientées vers l’Orient où, en Terre Sainte, est présent l’Islam. »[24]

Au 13e siècle apparaît St François qui, avec ses frères franciscains, part pour la Terre Sainte, à Jérusalem. Jusqu’à ce jours, ils sont les gardiens des lieux saints en Palestine et au Proche Orient (Syrie, Liban, Jordanie, Egypte). Vers l’an 1300 est fondée la Société des pèlerins pour le Christ. La même année, à Rome, le Jubilé est proclamé pour la première fois, qui attire vers Rome des milliers de pèlerins. Ces pèlerinages à Rome continuent tout au long des Années Saintes consécutives. Rome devient ainsi le centre culturel et religieux de l’Europe Occidentale.

Au 15e et 16e siècles, avec la découverte du Nouveau Monde, la vision eurocentrique prédomine, alors que la chrétienté occidentale, déchirée par des querelles internes, perd l’unité avec son siège à Rome. Des lieux de pèlerinages alternatifs apparaissent : les nombreux sanctuaires marials.[25] Le pèlerinage chrétien continue à exister au 18e et 19e siècles : il soutient la foi du peuple de génération en génération, ouvre de nouvelles spiritualités avec de nouveaux centres de la foi (Guadaloupe, Lourdes, Aperceida…). La conscience renouvelée du peuple de Dieu en marche est devenue une image très éloquente de l’Église réunie lors du Concile Vatican II.[26]

Dans la quatrième partie, le document développe la préparation pour le Grand Jubilé de l’an 2000 (N° 18-23). Dans cet événement, le pèlerinage a une signification et une importance exceptionnelle. L’événement du Concile Vatican II a déjà été, au sens symbolique, un grand pèlerinage de toute la communauté ecclésiale. Le Concile a été comme une ascension spirituelle. Les Pères du Concile saluaient les penseurs comme « des pèlerins en chemin vers la lumière ».[27] Cet aspect symbolique de l’Église-pèlerine a été manifesté par les pèlerinages de deux Papes-pèlerins : Jean XXIII à Lorette au début du Concile (1962) et Paul VI en Terre Sainte à la fin du Concile (1964), suivis de nombreux pèlerinages du Pape Paul VI et du pape Jean-Paul II. Le pèlerinage de Paul VI en Terre Sainte, par lequel il a voulu célébrer les mystères fondamentaux de la foi, l’Incarnation et la Rédemption, a inspiré une nouvelle vague de pèlerinage en Terre Sainte depuis tous les coins de la terre. Les voyages du Pape Jean-Paul II ont donné un élan exceptionnel aux pèlerinages et à la pratique de la prière, de la conversion et de la conscience que nous sommes le peuple pèlerin de Dieu.

Dans ses Constitutions, le Concile Vatican II présente l’Église comme « voyageuse »[28] et souligne à plusieurs reprises la nature pèlerine de l’Église : elle a son fondement dans la mission du Christ, envoyé par le Père. Nous venons de lui, vivons par lui, sommes orientés vers lui, et l'Esprit dirige notre voyage à la suite du Christ.[29] Le Concile définit la vie chrétienne comme un pèlerinage dans la foi.[30]

L’Église est, par sa nature, missionnaire. [31] Le commandement du Christ ressuscité : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ! » (Mt 28,19) souligne précisément le verbe « aller », moyen incontournable d’évangélisation offert au monde.[32]

Le but fondamental du pèlerinage actuel de l’Église est le Jubilé de l’an 2000 vers lequel le fidèle avance sous la protection de la Sainte Trinité. Ce voyage doit être plus intérieur et enraciné dans la vie que localisé dans l’espace.[33]

Dans la cinquième partie (N° 24-31), le Document explique le pèlerinage de l’humanité, mettant l’accent sur la valeur spirituelle du pèlerinage et la nécessité de l’action pastorale. L’humanité est en route, y compris actuellement : l’homme a conscience d’être homo viator en quête de la vérité, de la justice, de la paix et de l’amour. Il voyage vers l’absolu et l’infini, vers Dieu. Les mouvements de l’humanité contiennent « le germe du désir fondamental de l’horizon transcendantal de la vérité, de la justice et de la paix. Il témoigne de l’inquiétude qui se calme en Dieu infini, le havre dans lequel l’homme peut se remettre de toutes ses angoisses. »[34] Dans ce voyage, certains mouvements sont visibles : le respect des droits humains, le développement de la science et de la technique, le dialogue interreligieux…[35] Nous sommes témoins des mouvements de masse de peuples entiers qui veulent éviter les dangers de la guerre ou les catastrophes naturelles dans leurs pays, ou bien cherchent une plus grande sécurité et un plus grand bien-être pour leurs proches. Dans ce pèlerinage de l’humanité, le christianisme s’offre comme le Bon Samaritain, prêt à venir au secours.[36] La quête humaine, la promotion et l’avancée de la compréhension entre les peuples incluent un élément touristique[37], les recherches scientifiques, les voyages à but culturel, sportif ou économique. Le Document encourage les personnes à ne pas être préoccupées uniquement par les intérêts économiques, mais conscientes de la dimension humaine et sociale de leurs activités.[38]

Il est question également des expériences proprement chrétiennes du pèlerinage : des missionnaires pèlerins en pays lointains, des rassemblements œcuméniques de prière pour le don de l’unité des chrétiens, des rassemblements interreligieux (comme celui d’Assise en 1986).

Le Document mentionne deux villes comme cibles de pèlerinages : Rome, ville symbole de la mission universelle de l’Église, et Jérusalem, lieu saint vénéré par toutes les religions issues d’Abraham, la ville de laquelle « vient la Loi et la parole du Seigneur » (Is 2,3).[39] Il ne faut pas non plus oublier les villes martyres comme Auschwitz, Hiroshima et Nagasaki comme cibles de pèlerinage.

La sixième et dernière partie du Document parle du pèlerinage des chrétiens aujourd’hui (N° 32-42). C’est la partie la plus développée du Document qui traite des éléments principaux du pèlerinage et donne des orientations pour l’activité pastorale avec les pèlerins. Pour le chrétien, « le pèlerinage est une célébration de sa foi… qui doit être faite en accord avec la tradition et le sentiment religieux, et en tant que réalisation de son existence pascale ».[40] Cette expérience est vécue d’une manière particulière dans la célébration eucharistique du mystère pascal, la réception de la sainte communion, la lecture et la méditation de l’évangile.[41] Dans ce but, il faut développer l’activité pastorale dans les sanctuaires où le pèlerin pourra faire l’expérience d’« une rencontre silencieuse et recueillie avec Dieu et avec lui-même », surtout dans la sainte confession, où ses péchés sont pardonnés et où il devient une créature nouvelle. La réconciliation avec Dieu et avec les frères a pour but la célébration eucharistique.[42] Dans les sanctuaires et lors du voyage, un animateur spirituel - disposant d’une solide préparation catéchétique - devrait être présent, afin de préparer les pèlerins à la rencontre avec Dieu. Les presbytres qui animent les pèlerinages lors du voyage y prennent une responsabilité particulière.[43]

La rencontre avec Dieu dans la « Tente de la rencontre », dans le sanctuaire, est également une rencontre avec l’amour de Dieu, avec l’humanité, une rencontre cosmique avec Dieu dans la beauté de la nature ainsi qu’une rencontre avec soi-même.[44] Un nombre considérable de sanctuaires chrétiens sont également la cible de pèlerinages de fidèles d’autres religions. Ce fait sollicite l’activité pastorale de l’Église à répondre par des initiatives d’accueil, de dialogue, d’entraide et de véritable fraternité.[45]

Le pèlerinage est également une rencontre avec Marie, étoile de l’évangélisation. Les sanctuaires marials, grands et petits, peuvent être des lieux privilégiés de la rencontre avec son Fils qu’elle nous donne. Le chrétien se met en route avec Marie sur les chemins de la foi et de l’amour, sur les chemins du monde, pour gravir le Calvaire et demeurer auprès d’elle comme le disciple bien-aimé à qui le Christ a confié sa Mère, jusqu’au Cénacle, afin d’y recevoir le don de l’Esprit Saint de son Fils ressuscité.

Notes :

1. Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, Pèlerinage du Grand Jubilé de l’an 2000, N° 23.

2. Pèlerinage. N° 2

3. Pèlerinage. N° 2

4. Pèlerinage. N° 3

5. Pèlerinage, 57.

6. Cf. Rebić, Fenomen hodočašća u Bibliji i u Islamu, dans : Bogoslovska Smotra 54 (1984) p. 516 ; T.G. Pinches, Pilgrimage dans :James Hastings Encyclopaedia of religions and Ethics, tome X, 12a Edinbourg, 1918 ; Pellegrinaggio, dans : Enciclopedia cattolica. Voir également les notes dans les grandes Encyclopédies et les grands Dictionnaires des religions.

7. Rebić, Fenomen hodočašća u Bibliji i u Islamu p. 517 ; F. Heiler, La prière, Paris 1931, p. 150 ; J.P. Steffes, Wallfahrt und Volkstum in Geschichte und Leben, G. Schreiber, Düsseldorf 1934 p. 184-216.

8. Cf. Pèlerinage, N° 8

9. Pèlerinage, N° 8

10. Pape Jean-Paul II, Encyclique Redemptor Hominis N° 18.

11. Pèlerinage, N° 9.

12. Pèlerinage, N° 10.

13. Pèlerinage, N° 11.

14. Cf. Ep 2,19 ; 1 Pi 2,11 ; He 13,13-14 ; Ap 21,4 ; Pèlerinage N° 11.

15. Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 9 ; cf. note N° 2.

16. Pèlerinage, N° 12 ; Jean-Paul II, Lettre apostolique A l’approche du troisième millénaire N° 25.

17. Pèlerinage, N° 13.

18. Au 4e et 5e siècles apparaissent des grands pèlerinages organisés sur des lieux saints en Palestine et sur les tombeaux des martyrs. En témoignent les ouvrages de l’époque, comme Le pèlerinage d’Ethérie sur les lieux saints (du 4e siècle), Le carnet de voyage du pèlerin anonyme de Bordeaux (du 4e siècle) et d’autres documents de voyage en Terre Sainte.

19. St Grégoire de Nysse, Lettre 2,18, Sources Chrétiennes 362,122 ; Migne, Patrologia Graeca 46,1013.

20. St Augustin, De vera religione, 39,72, CCL 32,234 ; Migne, Patrologia Latina, 34,154.

21. St Jérôme, Lettre 58,2-3 ; CSEL 54,529-532 ; PL 22,580-581, Pèlerinage, N° 13.

22. Cf. Pèlerinage N° 14 ; Jean-Paul II, Allocution lors de sa visite à Vienne, 10 septembre 1983.

23. Pèlerinage N° 14, A. Rebic, Hodočašća danas, dans Kana 29(1998) N° 11/316, octobre 1998, p. 30.

24. Pèlerinage N° 14.

25. Pèlerinage N° 16.

26. Pèlerinage, N° 17.

27. Le message au monde du Concile Vatican II, 8 décembre 1965 ; Pèlerinage, N° 19.

28. Concile Vatican II, Constitution dogmatique Sacrosanctum Concilium, N° 2.

29. Cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 7-9 ; Ad Gentes, N° 5 ; Pèlerinage, N° 20.

30. Cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 8.

31. Concile Vatican II, Ad Gentes, N° 2 ; Lumen Gentium, N° 17.

32. Pèlerinage, N° 21.

33. Pèlerinage, N° 23.

34. Pèlerinage, N° 30 ; St Augustin, Confessions 1,1.

35. Pèlerinage, N° 24.

36. Pèlerinage, N° 25.

37. Pèlerinage, N° 30.

38. Pèlerinage, N° 26-28.

39. Pèlerinage, N° 31.

40. Pèlerinage, N° 32 ; Congrégation pour le culte divin, Orientations et propositions pour la célébration de l’Année Mariale (1987), dans Notitiae 23 (1987) 342-396.

41. Pèlerinage, N° 34-35.

42. Jean-Paul II, Lettre à l’occasion de l’anniversaire de la Maison de Nazareth à Lorette, dans : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XVI,2(1993) 533 ; Pèlerinage, N° 33,36 ; Jean-Paul II, Homélie dans la basilique d’Apercida, Brésil, dans Insegnamenti di Giovanni Paolo II, III,2 (1980) 99.

43. Pèlerinage, N° 35.

44. Pèlerinage, N° 38-41.

45. Pèlerinage, N° 39 ; Jean-Paul II, Redemptor hominis, N° 37.

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P. Stanislaw Kania

LA SPÉCIFICITÉ DES PÈLERINAGES AUX GRANDS SANCTUAIRES MARIALS

L’étymologie du mot pèlerinage remonte à l’antiquité. Le terme grec per-epi-demos (étranger, inconnu) voulait dire pèlerin ou voyageur. Le terme latin peregrinus signifiait celui qui voyageait dans des pays étrangers ou bien quelqu’un sans droit de cité. Il est né de la composition des deux mots : per-agros, à savoir quelqu’un qui marche à travers un champ, en dehors du lieu de son habitation, loin de sa maison (peregere = à l’étranger, non à la maison). Le peregrinatio signifie le séjour en dehors du pays, le déplacement, le voyage, la visite des pays étrangers. En principe, ce n’est qu’à partir du XIIe siècle que le peregrinatio veut dire uniquement l’habitude religieuse de visiter les lieux saints. Dans la littérature polonaise, surtout dès le début du XXe siècle, on trouve les termes pielgrzymstwo, peregrynacja, pątnictwo, pątnik en alternance avec pielgrzymowanie, pielgrzymką, pielgrzymem. Les historiens se servent souvent du mot ancien qui signifie pèlerinage aux lieux saints.

On comprend par pèlerinage le voyage entrepris dans un esprit de dévotion au lieu considéré comme saint (locus sacre) à cause de la manifestation d’un dieu ou d’une divinité, pour y pratiquer des actes religieux précis, la dévotion et la pénitence. En d’autres termes, le sens du pèlerinage résulte toujours du désir d’entrer en contact direct avec le sacré.

La plupart des pèlerinages sont en rapport avec les temples, dont les plus sacrés portent le nom de sanctuaires. Le nouveau Code du Droit Canon de 1983 définit le sanctuaire comme « église ou autre lieu sacral, auquel, avec l’approbation de l’Ordinaire du lieu, à titre de piété religieuse, se rendent en pèlerinage de nombreux fidèles pour cause particulière de dévotion ». Le sanctuaire est donc un lieu saint de culte divin, lieu où Dieu se manifeste de manière particulière.

Selon les estimations, 240 millions de personnes, dont 150 millions de chrétiens, se rendent chaque année aux centres de culte religieux de rayonnement suprarégional. En Pologne, 5 à 7 millions de personnes, soit plus de 15% de la population, participent chaque année aux pèlerinages. En dehors des catholiques de rite latin et oriental, on y trouve des orthodoxes, des juifs et des musulmans. La Pologne est donc un pays où le mouvement pèlerin est particulièrement intense.

LES DÉBUTS DES PÈLERINAGES EN POLOGNE

Aux temps du paganisme, en Pologne, c’étaient surtout les montagnes, les bois, les rivières, les sources, les arbres et les pierres qui formaient les centres de culte. Considérés par les tribus païennes comme des lieux saints, ils jouissaient de leur respect et vénération. Les principaux rites païens étaient célébrés à Slęży et à Łysej Gora. À cette époque, les temples étaient rares sur les terres polonaises ; on les trouvait uniquement en Poméranie Occidentale.

Au début du christianisme en Pologne, on remarque surtout le culte des saints, des ermites, et de la Passion du Seigneur. Ce n’est qu’à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle que les pèlerinages liés au culte marial se popularisent. Initialement, ils se reportaient à Saint Adalbert (956-997) et à son martyre. Au début du bas Moyen-Âge (XIe- XIIe siècles), c’est Gniezno, ville liée à la vie de saint Adalbert où se trouve sa tombe, qui devient un centre important de pèlerinage. Les membres de la dynastie des Piast, souverains de l’État polonais, y venaient aussi.

Parallèlement au culte de saint Adalbert, le culte des ermites s’installe en Pologne. Parmi les plus connus, on y trouve saint André Swierad, mort vers 1034, dont le culte dure jusqu’à présent, et saint Benedykt (Benoît), son disciple, mort martyrisé en 1037. Voici d’autres ermites de l’époque : bienheureux Bogumil – Pierre II, bienheureuse Juta de Chełmża, Dorothée de Mątow. L’histoire du culte des ermites en Pologne, surtout posthume, s’inscrit dans le cadre du culte des personnages morts en odeur de sainteté, surtout celles qui ont été canonisés. Leurs tombes ou leurs reliques attiraient les fidèles, ce qui a donné naissance à la formation des centres de pèlerinage. Parmi ces personnalités remarquables, au début du christianisme en Pologne, citons les noms de celles qui jouissaient de la plus grande vénération : à côté de saint Adalbert, on retrouve saint Stanislas, évêque et martyr, Sainte Hedwige de Silésie et la bienheureuse Kinga (Cunégonde).

Le culte marial en Pologne date du baptême de la Pologne, en 966 ; les premiers pèlerinages aux lieux de ce culte remontent à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle. Une première trace de pèlerinage au sanctuaire marial mène vers la Silésie : une église bénédictine, premier sanctuaire de Notre-Dame, y aurait existé au XIIe siècle, près de Srody de Silesie. Pourtant, le culte marial ne prend son essor qu’aux XIIIe et XIVe siècles. Il remplace, pour ainsi dire, le culte des ermites et des saints, si développé au début du christianisme. Il n’est donc pas étonnant de voir, parallèlement au développement du culte marial, un accroissement des centres avec l’effigie miraculeuse de la Madone. Le moment décisif est sans doute l’installation des pères paulins à Jasna Gora ; le tableau miraculeux de la Sainte Vierge (Vierge Noire) de Czestochowa y est déposé vers 1383.

JASNA GORA – UN CENTRE DE PÈLERINAGE

Jasna Gora est l’un des plus grands et plus importants lieux de culte religieux dans le monde, non seulement dans la chrétienté : après Lourdes, il est le second lieu de culte marial. En effet, c’est le plus grand centre chrétien marial dont la formation n’est pas en rapport avec une apparition de la Vierge. Actuellement, Jasna Gora accueille 4 à 5 millions de pèlerins par an, dont environ 400.000 étrangers de plus de 80 pays. Dès le début de son existence, Jasna Gora joue un rôle important dans l’Église catholique romaine, aussi bien polonaise qu’universelle. De nombreuses visites des représentants de l’Église du monde entier, ainsi que plusieurs visites pieuses de Notre Saint-Père, le Pape Jean Paul II à la fin de notre millénaire, en témoignent. Le rôle de Jasna Gora dans l’Église a été également souligné par ses prédécesseurs, les papes Martin V, Alexandre VI, Clément XI, Pie X, Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I. Depuis le décret de Clément XI par lequel le tableau de Notre-Dame de Czestochowa a été couronné, la Reine de Pologne est largement connue dans le monde chrétien (c’était, en 1717, le premier couronnement en dehors de Rome, précédé des vœux faits par le roi de Pologne Jean Casimir à Lwow, le 1er avril 1656 ; le roi y a reconnu officiellement et proclamé la Sainte Vierge Reine de Pologne).

La tradition des pèlerinages à Jasna Gora remonte à ses débuts (1382). Bientôt, au commencement du XVe siècle, le rayonnement du Sanctuaire devient international et, entre les deux guerres, il prend un caractère universel. Presque tous les rois de Pologne y sont venus en pèlerinage. À partir du XVIe siècle, la tradition de pèlerinages réguliers se cristallise. Depuis 1717 jusqu’à nos jours, chaque année un Pèlerinage Pédestre Varsovien est organisé. Ce qui distingue Jasna Gora des autres grands sanctuaires chrétiens (et d’autres confessions) c’est le phénomène de pèlerinages pédestres annuels de masse. Plus de 200.000 personnes, soit 5% de pèlerins en général, s’y rendent chaque année en très grands groupes.

Depuis 1977, les pèlerinages à pied à Czestochowa deviennent de plus en plus nombreux, ce qui est en rapport avec la célébration du six-centième anniversaire du couvent. C’est ainsi, par exemple, qu’un grand pèlerinage pédestre a été organisé depuis Swarzewo, petite localité située au nord de la Pologne, selon la formule « six cent kilomètres pour six centième anniversaire ». Dans les années quatre-vingt, l’aspect politique vient se joindre à l’aspect religieux ; la participation au pèlerinage est devenue une sorte de démonstration contre le régime et contre l’instauration, en 1981, de la loi martiale suivie de représailles politiques. À présent, les pèlerins sont les plus nombreux au moment des grandes fêtes : le 3 mai (fête de Notre-Dame, Reine de Pologne), le 15 août (Assomption), le 26 août (fête de Notre-Dame de Czestochowa) et le 8 septembre (Naissance de la Sainte Vierge). Le nombre de fidèles s’élève alors jusqu’à 300.000 à 500.000 personnes. Plus de cinquante chemins pédestres menant à Czestochowa traversent la Pologne ; leur longueur varie de quelques kilomètres à quelques centaines de kilomètres. En chemin, les pèlerins visitent d’habitude d’autres sanctuaires : le Pèlerinage des Montagnards s’arrête, par exemple, à Ludżmierz, à Kalwaria Zebrzydowska, à Makow Podhalanski, à Leśniow ; le Pèlerinage Pédestre Universitaire Varsovien traverse Niepokalanow, Miedniewice, Smardzewice, Gidle, Mstow ; le Pèlerinage de Przemyzl visite le sanctuaire de Borek Stary, et celui du diocèse de Zielona Gora-Gorzow s’arrête à Swiêta Gora, à Gosty.

Chaque année, 150 groupes, soit 175.000 à 200.000 personnes, participent aux pèlerinages pédestres. Ces pèlerinages à Jasna Gora représentent sans doute un phénomène religieux et social aux dimensions internationales, surtout dans le monde chrétien. Il n’existe pas d’autre sanctuaire auquel tant de fidèles se rendent à pied. Son influence se fait sentir dans d’autres pays européens : non seulement le nombre de pèlerins étrangers à Jasna Gora augmente toujours, mais aussi l’expérience polonaise sert de modèle aux organisateurs d’autres pèlerinages, surtout pédestres.

Il ne faut cependant pas oublier que les pèlerinages à pied, en Pologne, ne concernent pas uniquement Jasna Gora. Cette tradition, souvent plusieurs fois séculaire, est vivante dans la plupart des sanctuaires polonais. À l’occasion de grandes fêtes religieuses, de kermesses et de jubilés, les pèlerins des paroisses ou des diocèses voisins se rendent à pied même aux petits centres de culte locaux. Ces traditions sont particulièrement vivantes à Kalwaria Zebrzydowska, Ludżmierz, Piekarah en Silésie, Wambierzyce, Bardo en Silésie, Kodniu, Gietrzwald, Wejherowo. Il faut mentionner un sanctuaire auquel on accède uniquement à pied : Wiktorowki, situé dans la montagne, à une altitude de 1150 m, dédié à Notre-Dame, Reine des Tatras. Plusieurs milliers de montagnards s’y rendent le jour de l’Assomption, ainsi qu’à Noël, pour la messe de minuit et celle de Saint-Sylvestre.

Depuis le XIXe siècle, un culte identique à celui de la Vierge Noire de Czestochowa est voué à Notre-Dame d’Ostra Brama de Vilnius, en Lithuanie : les pèlerins de la Pologne entière y venaient. C’est alors que Vilnius est devenu l’un des plus grands sanctuaires nationaux. Après l’incorporation de la Lituanie à l’Union Soviétique, après la seconde guerre mondiale, les pèlerinages à Vilnius sont devenus impossibles. Ces derniers temps, l’habitude de se rendre en pèlerinage à Ostra Brama est en train de renaître.

En dépit des tendances à la sécularisation de la vie privée et sociale, les déplacements des pèlerins deviennent, depuis deux décennies, de plus en plus fréquents. Au sein de l’Église catholique romaine (mais non exclusivement), le fait est sans doute lié aux nombreux voyages apostoliques de Jean-Paul II. Comme il a été déjà dit, chaque année se rendent en pèlerinage de 220 à 250 millions de personnes, dont 60-70% de chrétiens. On estime qu’en Europe, 30 millions de chrétiens environ, surtout catholiques, consacrent leurs congés et vacances (au moins une partie) aux pèlerinages.

Les plus grands centres mondiaux de culte religieux chrétiens qui attirent environ 25 millions de pèlerins (soit 15% de fidèles) sont les suivants : Rome et le Vatican (8 millions environ), Lourdes (6 millions), Jasna Gora (4-5 millions), Fatima (4 millions), Guadaloupe (2 millions). Le rôle des sanctuaires marials y est le plus important. Selon les paroles de Jean-Paul II, ils appartiennent au « patrimoine spirituel et culturel d’une nation et sont doués d’une grande force d’attraction et de rayonnement ». La plupart des lieux de pèlerinage sont liés au culte de la Vierge (environ 80%).

LES SANCTUAIRES MARIALS LIÉS AUX APPARITIONS DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

Leur développement est en rapport direct avec les apparitions de la Vierge. Dans le catholicisme actuel, les sanctuaires les plus importants en Europe sont ceux de La Salette (apparition en 1846), de Lourdes (en 1858) et de Fatima (en 1917) ; une place importante revient à Medjugorje (1981). En dehors de l’Europe, le centre le plus grand est celui de Guadeloupe au Mexique (apparition de la Vierge en 1531).

En Pologne, il faut souligner Gietrzwałd, en Warma, au nord-est du pays. Les apparitions de Notre-Dame qui y ont eu lieu entre 27 juin et le 16 septembre 1877, sont les seuls en Pologne à être officiellement reconnues par l’Église. Depuis, on y compte plus de 160 apparitions, contre 18 à Lourdes et 6 à Fatima ; Gietrzwad est appelé le « Lourdes polonais ».

Depuis les apparitions de la Vierge en 1858, le petit village de Lourdes s’est transformé en un centre religieux spécialisé. L’épanouissement de sa fonction religieuse est accompagné du développement de son infrastructure nécessaire à l’accueil des pèlerins de plus en plus nombreux. On y trouve plus de 18 mille chambres d’hôtel (soit une chambre par habitant) ; parmi les 400 commerces, plus de 85% occupent le marché des objets de culte. Chaque année, 5 à 6 millions de pèlerins y viennent de plus de 120 pays ; les étrangers arrivent en groupes organisés (plus de 60%). Les malades constituent un groupe à part : environ 70.000 personnes par an, dont 60% d’étrangers. Ils viennent à Lourdes par trains spéciaux (« trains blancs ») qui, grâce au système de voies de raccordement, peuvent stationner longtemps à la gare. Bien qu’excentrée, Lourdes est facilement accessible grâce au réseau ferroviaire et routier et à l’aéroport de Tarbes-Ossun-Lourdes, desservant 500.000 à 800.000 passagers par an. Après Paris et Nice, c’est un des plus grands aéroports-charters en France. Lourdes, ville-hôtel, se développe en fonction des visites des pèlerins et des touristes.

Fatima est un lieu de pèlerinage fréquenté à peu près aussi souvent que Jasna Gora (4 millions de pèlerins par an) ; son développement est lié aux apparitions de la Vierge, en 1917. Fatima c’est développée plus lentement que Lourdes : ce n’est que depuis les années soixante qu’elle fonctionne comme un lieu de pèlerinage international. Située loin des centres européens, la ville est difficilement accessible à cause du réseau de communication insuffisamment développé. En outre, le système politique portugais a défavorisé pendant longtemps le tourisme pieux international. À présent, les étrangers que l’on y rencontre proviennent d’une centaine de pays, dont de nombreux pèlerins d’origine portugaise.

Ils viennent surtout le 13 août, à l’occasion du « Pèlerinage National d’Emigrés Portugais ». Ce qui distingue Fatima des autres centres en Europe occidentale, ce sont les pèlerinages pédestres (plus de 30 mille personnes par an). Il y a plus de 5.000 places d’hôtel, au confort différent (plus de 1000 lits pour 1000 habitants).

Depuis les apparitions de la Vierge en 1981, Medjugorje, en Herzégovine, est devenu un centre de culte marial en pleine expansion. Dix ans plus tard, ce petit village a échappé comme par miracle aux désastres de la guerre. Les continuelles apparitions de la Vierge y attirent des pèlerins de l’Europe et du monde entier. L’attitude hésitante de l’Église catholique envers la véracité de ces apparitions ne décourage pas ceux qui y viennent en pèlerinage, le plus souvent en car. Medjugorje est de mieux en mieux connu en Pologne, et le nombre de pèlerins polonais va probablement augmenter d’année en année.

Sur la route de Medjugorje, les pèlerins fréquentent aussi le sanctuaire croate Marija Bistrica (environ 500.000 personnes par an). La statuette miraculeuse de Notre-Dame de Bistrica a été déclarée Reine des Croates, et, depuis 1971, ce sanctuaire est considéré comme le sanctuaire national des Croates. Parmi les pèlerins du monde entier, il y a aussi ceux qui y viennent à pied.

En dehors du culte marial, les plus grands lieux de culte dans le monde sont la Terre Sainte avec Jérusalem (lieu de pèlerinage des chrétiens, des juifs et des musulmans) et Rome avec Vatican, à cause des tombeaux des saints Pierre et Paul et du siège du Pape. Ces derniers années, on observe aussi un intérêt grandissant pour les pèlerinages au tombeau de Saint Jacques le Majeur, à saint Jacques de Compostelle.

OÙ SE TROUVE L’ESSENCE DU PHÉNOMÈNE DES SANCTUAIRES MARIALS ET POURQUOI ATTIRENT-ILS TANT DE FIDÈLES ?

La force d’attraction et le rayonnement des sanctuaires est le fait que les pèlerins viennent y chercher une rencontre avec la Mère de Dieu. En se rendant aux sanctuaires qui doivent leur renommée soit aux apparitions passées (Lourdes, Fatima), soit à celles qui continuent (Medjugorje), ainsi qu’à ceux célèbres pour l’image de la Madone, ils sont persuadés d’aller à la rencontre de Notre-Dame. Elle est perçue comme Mère de Jésus, mais aussi comme mère, protectrice et médiatrice, capable de comprendre les problèmes de chaque homme, en chaque temps et en chaque lieu.

Selon la conviction généralement répandue des croyants, le sanctuaire constitue, par rapport aux autres églises ou chapelles, un phénomène particulièrement sacré. C’est un lieu qui intrigue, inquiète et stimule l’imagination, qui tente, invite et fait attendre quelque chose d’extraordinaire, moins par la perception directe du mystère de la foi qu’il détient, que par son intuition. L’histoire du « lieu saint » racontée, les événements évoqués, l’architecture sacrale, les ex-voto et les souvenirs, et surtout l’effigie célèbre par ses miracles, cœur sacré du lieu, la liturgie solennelle et les offices célébrés, les foules innombrables de pèlerins en prière, ainsi que les visites des représentants de l’Église et des hommes politiques, des savants et des artistes, tout cela non seulement provoque l’admiration et l’émotion, mais surtout invite à la réflexion et à la prière, impose une profonde pensée théologique.

La spécificité du culte marial, des sanctuaires et des pèlerinages, est l’objet de réflexion de Jean Paul II dans l’encyclique Redemptoris Mater. Il déclare que la présence incessante de Marie, Sainte Mère de Dieu, dans l’Église qui introduit le règne de Son Fils dans le monde, s’exprime de différentes manières, aussi bien à notre époque que dans l’histoire de l’Église ; il en va de même pour son rayonnement. Parmi les diverses façons de manifester cette présence, le Pape signale l’existence de nombreux et grands lieux de pèlerinages, où « la foi chrétienne a construit, à travers les siècles, de magnifiques temples comme Guadeloupe, Lourdes ou Fatima, ainsi que dans d’autres pays, parmi lesquels comment ne pas mentionner Jasna Gora sur ma terre natale ».

L’encyclique « Redemptoris Mater » offre le fondement définitif de la piété mariale et des pèlerinages faits par le Peuple de Dieu à tous les lieux de la présence particulière de Notre-Dame : à ses temples et sanctuaires, « pour fortifier sa propre foi dans le rayonnement de la présence maternelle de celle qui a cru ». De ce point de vue, remarque le Pape, « on pourrait parler de la géographie spécifique de la foi et de la dévotion mariale », concrétisée dans les sanctuaires disséminés sur la terre entière, où se rendent en pèlerinage « non seulement les individus ou les autochtones, mais parfois les nations et les continents entiers pour y chercher le contact avec la Mère du Seigneur... »

Les sanctuaires marials sont perçus comme des lieux où, par la volonté de Dieu, Sainte Marie, bien que toujours présente dans l’Église, réalise sa maternité spirituelle d’une façon particulière.

Pour le Peuple de Dieu, le sanctuaire est le lieu d’expériences, d’émotions religieuses et de transformations spirituelles particulièrement importantes. La présence spécifique et l’intervention maternelle de Notre-Dame pénètrent ces événements salutaires. Du point de vue théologique, il faut admettre que Dieu a choisi les sanctuaires marials pour y révéler sa miséricorde ; plus que dans d’autres temples, c’est surtout ici qu’il veut montrer sa bonté et accorder à l’homme sa grâce, par l’intermédiaire de la Vierge Marie. C’est pourquoi les fidèles y éprouvent presque tangiblement l’opération divine, ressentent avec intensité leur contact avec la Vierge et participent aux exceptionnels événements salutaires. Ces événements gagnent souvent une dimension réelle dans les guérisons et conversions miraculeuses, à travers les opérations de la Grâce de Dieu, si grandes qu’elles entraînent des transformations complètes d’individus ou de groupes d’hommes.

En ma qualité d’aumônier de nombreux pèlerinages à Medjugorje et aux sanctuaires marials polonais, j’observe depuis longtemps les réactions de ceux qui se rendent à la rencontre de Notre-Dame dans ses sanctuaires. Je remarque la joie qui se manifeste dans les chants et dans la prière. Le climat des pèlerinages marials est pénétré de l’espoir que celle, vers laquelle on s’achemine, écoutera, entendra et aidera, comme une personne aimante et proche. Le caractère des pèlerinages en Terre Sainte et à Rome est quelque peu différent. Les pèlerins les font pour suivre les traces du passé, pour retrouver les lieux où le Christ, la Sainte Vierge et les saints ont vécu jadis. Par contre, un esprit d’actualité pénètre les pèlerinages aux sanctuaires marials. On a l’impression que les hommes se préparent à la rencontre de la Madone présente ici et maintenant, d’une Mère, bonne et aimante. Les millions de conversions et de guérisons qui se sont produites jadis et qui arrivent toujours dans les sanctuaires marials du monde entier, témoignent de ce qu’ils la rencontrent en réalité lors des pèlerinages.

BIBLIOGRAPHIE

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Jackowski A. : Pielgrzymowanie, Wyd. Dolnośląskie, Wrocław 1998.

Jackowski A., Kaszowski L. : Jasna Gora w systemie ośrodkow pielgrzymkowych świata, « Peregrinus Cracoviensis », Nr 3, 1966.

P. Nalaskowski Jan, OSPE : Jasna Gora w świetle refleksji teologicznej o sanktuariach maryjnych, « Peregrinus Cracoviensis », Nr 3, 1996.

Sojlan I., Jackowski A. : Jasna Gora na tle innych ośrodkow pielgrzymkowych w Polsce, « Peregrinus Cracoviensis », Nr 3,1996.

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Dr fr. Slavko Barbarić, ofm

DIMENSIONS ANTHROPOLOGIQUES, BIBLIQUES, RELIGIEUSES ET SPIRITUELLES DU PÈLERINAGE AVEC APPLICATION CONCRÈTE À MEDJUGORJE

I. L’HOMME EN QUÊTE DE DIEU

Les pèlerinages sont connus de toutes les religions. Ils sont l’expression de l’homme qui cherche Dieu dans les lieux où Il s’est révélé de manière particulière, accordant aux hommes la possibilité de sentir plus facilement sa proximité, ou auprès de personnes particulièrement charismatiques, devenues ainsi un signe spécifique de la présence de Dieu. C’est la raison pour laquelle certains lieux de pèlerinages exercent une telle attraction. Les gens s’y rendent en quête de l’expérience de Dieu, qui est fondamentalement celle de la paix, de la joie, de l’amour et de l’espérance. Au cours d’un pèlerinage, la personne sort de sa vie quotidienne : elle quitte son travail, sa famille, ses amis, sa sécurité, et se met en route, portée par son désir de rencontrer Dieu.

La motivation fondamentale de chaque pèlerinage est le désir de Dieu, la sortie de la vie quotidienne et l’ouverture au divin, mais il peut y avoir des motivations secondaires, comme, par exemple, connaître le monde, les pays, les peuples et leurs traditions. Si les motivations secondaires prédominent, il s’agit du tourisme. La motivation première et toutes les autres motivations sont appuyées par une certaine curiosité qui, dans un premier temps, peut être plus forte que toutes les autres motivations.

Certains lieux de pèlerinage se sont développés grâce à une intervention directe de Dieu dans la vie d’une ou de plusieurs personnes (la plupart des sanctuaires marials liés aux apparitions), d’autres se sont développés plus progressivement, souvent après la mort d’un élu de Dieu, ou bien grâce aux interventions charismatiques de certains membres de l’Église. Indépendamment de la manière dont les lieux de pèlerinage se sont développés, le pèlerin y cherche toujours la même chose. En raison de la diversité des motivations, le devoir de ceux qui organisent la pastorale dans les lieux de pèlerinage est d’aider chaque pèlerin à prendre conscience de la vraie raison du pèlerinage : la rencontre avec Dieu qui attend l’homme. Dans l’organisation du pèlerinage, il faut inclure tous les moyens disponibles pour que l’homme en quête rencontre Dieu qui l’attend. Il faut donc prendre conscience de ce qu’est l’homme et de ce qu’il veut, ainsi de ce que Dieu lui propose en réponse. La disposition intérieure du pèlerin nous permet de dire que L’HOMME EST UNE QUESTION ET UNE QUÊTE DE LA RÉPONSE et que DIEU EST LA RÉPONSE ET L’ATTENTE DE CELUI QUI CHERCHE.

II. L’HOMME RECHERCHE LA PAIX

L’homme est un être psychique, spirituel et physique doué de raison, de libre arbitre et d’un large spectre de capacités à faire les expériences spirituelles. Il est profondément désireux de s’épanouir. Cet épanouissement peut être exprimé par la constatation : l’homme est un être en quête de la paix. Son « chez lui » est là où il a trouvé « sa paix ». La quête de la paix est la motivation principale de ses actions et de toute sa vie. L’expérience nous dit que l’homme est prêt à faire tout le bien possible – jusqu’au sacrifice de sa propre vie – lorsque il ressent « la paix ». Cependant, s’il ne trouve pas la paix en pratiquant le bien et en s’épanouissant à travers les valeurs humaines positives, il va la rechercher dans ce qui est négatif et destructeur. Il devient ainsi capable de s’autodétruire et de détruire son entourage, tout en aspirant à trouver la paix.

Si nous observons la croissance et le développement de l’homme depuis sa naissance, nous découvrons que, pour grandir et pour se développer, il a besoin de la paix. Si la mère est dans la paix, l’enfant qu’elle porte sous son cœur jouira de la paix et se développera « joyeusement ». Si, pendant la grossesse et pour diverses raisons, la paix de la mère est remise en question, l’enfant sera dès sa naissance profondément marqué par les conséquences de cette inquiétude. Certains ne pourront jamais s’en libérer. Lorsque l’enfant naît, il veut être accueilli et aimé, afin de pouvoir vivre en paix dans ce monde. L’expérience nous montre également que, dès qu’ils comprennent que la famille attend un nouvel enfant, de nombreux enfants traversent des périodes de grandes inquiétudes provoquées par la jalousie. Ils peuvent retrouver la paix perdue uniquement si, par expérience, ils voient que ce nouvel enfant n’est pas une menace mais, au contraire, un enrichissement, et qu’ils continuent à être aimés et acceptés. Il en va de même pendant la croissance et le développement, si ce n’est que la personne manifeste son inquiétude d’une autre manière, et que dans sa quête de la paix elle a le choix entre une voie positive et une voie négative. Ici se pose la question fondamentale : l’homme, est-il un exilé qui, dans un lointain passé, a perdu sa « maison de la paix » et cherche à tout prix à la retrouver, ou bien, ce désir de la paix qui dépasse toutes les promesses du monde, est-il enraciné dans son cœur ? Notre tâche ici n’est pas d’analyser toutes les hypothèses et toutes les réponses possibles relevant de l’anthropologie et de la psychologie, puisqu’une chose est commune à tous : la personne concrète, douée de raison, de libre arbitre et d’une âme, veut vivre en paix, mais le monde ne peut pas la lui donner ; elle la recherche inlassablement, incapable de renoncer au désir de l’obtenir. Pour faire l’expérience de la paix et vivre dans sa « maison de la paix », il faut prendre en compte toutes les dimensions de l’être humain, à savoir la raison, le libre arbitre, l’esprit et l’âme.

La différence fondamentale entre l’homme et le monde animal est là : les animaux ne se surpassent pas pour trouver la paix. Il leur suffit d’être nourris et abreuvés, de satisfaire leurs besoins instinctifs pour être tranquilles. Même les bêtes les plus féroces perdent leur agressivité après avoir satisfait leurs besoins instinctifs. Certaines tendances dans l’anthropologie, la psychologie ou la sociologie veulent convaincre l’homme que, pour avoir la paix, il lui suffit d’avoir un tout petit peu plus que l’animal, ce « plus » ne dépassant en rien les horizons de ce monde. Et pourtant : l’expérience nous montre que - si l’homme n’est pas pénétré des réalités spirituelles - plus il est satisfait au niveau physique et instinctif, plus il devient inquiet, agressif et dangereux pour lui-même et pour son entourage.

III. L’IMAGE BIBLIQUE DE L’HOMME : UN EXILÉ INQUIET

L’image que la Bible donne de l’homme est transcendante : il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,27). Il peut collaborer avec Dieu et parvenir avec son aide à la paix et au bonheur sur la terre. L’homme a vécu au paradis terrestre où il a joui de la paix dans l’amitié de Dieu. Or, l’homme a voulu s’approprier quelque chose d’interdit, et il a rompu sa communion avec Dieu et avec autrui. C’est ce que le récit biblique appelle le péché originel. Il ne supporte plus la présence de Dieu, car sa présence et ses pas lui font peur, et il se cache. Les conséquences en sont graves : l’homme n’admet pas sa responsabilité, mais la renvoie sur les autres. L’homme (Adam) accuse sa femme (Ève) qui, à son tour, accuse le serpent (Satan) de l’avoir trompée. C’est ainsi que l’être humain perd la paix : son existence est menacée, car tout s’est retourné contre lui ; il doit quitter le paradis terrestre, doit sortir de sa « maison de la paix », pour devenir un exilé exposé aux difficultés et aux problèmes, au travail laborieux, contraint de gagner son pain au prix d’un travail pénible (cf. Gn 3,17-19). Selon le récit biblique, l’homme a donc joui de la paix qu’il a perdue, il a été chassé du paradis, et il est devenu un exilé. L’exil devient un pèlerinage, car Dieu n’a pas abandonné l’homme, mais lui a donné une espérance : Dieu a annoncé une Femme avec un Enfant qui vaincra le mal et ramènera l’homme dans le paradis perdu, dans une nouvelle « maison de la paix ». Toute l’histoire biblique renvoie à l’homme errant en quête de Dieu, et à Dieu qui se révèle et vient à la rencontre de l’homme, lui offrant la paix.

Selon le récit biblique, l’homme est écartelé entre le souvenir de la vie au paradis et son besoin intérieur d’entrer dans la paix - promise dès ici-bas, mais définitivement accomplie dans l’éternel Royaume de Dieu, Royaume de paix, de justice et de vérité. Les prophètes ne cessaient de soupirer après la paix, ils priaient, ils chantaient la paix que le Seigneur, dans son amour, donnera à son peuple. Toutes les attentes prophétiques devaient se réaliser dans le Messie à venir, qui devait créer les conditions nouvelles pour la réalisation de la paix définitive, messianique.

La tradition biblique parle de divers lieux de pèlerinage, lieux où le peuple vient chercher et rencontrer son Dieu. La Bible mentionne également les assemblées religieuses sous forme de pèlerinage. Un de ces lieux de rassemblement est Sichem, où le peuple se réunit dans le sanctuaire du Seigneur et où il conclut son alliance avec Dieu (cf. Jos 24,25). D’autres lieux de rassemblements mentionnés par la Bible sont Béthel (1S 10,3), Bersabée (Am 5,5), Ophra et çoréa (Jg 6,24 ; 13,19s).

Au fur et à mesure, les sanctuaires sont abolis, la Pâque est introduite (2R 23 ; 2Ch 35), ainsi que la fête des Semaines et la fête des Tentes (cf. Dt 16,1-17), célébrées à Jérusalem. Ces rassemblements ont deux fins : réunir le peuple devant son Dieu et protéger le peuple de l’idolâtrie et de l’hérésie. Au terme du développement, le seul lieu de rassemblement qui reste, c’est le Temple de Jérusalem. Autour du Temple se rassemblent des foules de Palestine et de la diaspora, toujours dans le même but : garder le peuple dans la vraie foi, pour qu’il ne s’éloigne pas de son Dieu. Ce sont des jours de prière et d’adoration du vrai Dieu, des jours exprimant l’attachement à la Ville Sainte et, enfin, la réalisation d’une profonde communion entre le peuple et Dieu. Le pèlerinage ne se réduit pas à la visite d’un lieu saint où Dieu s’est révélé, mais est également un événement eschatologique. Il est question du « jour du salut », imaginé comme rassemblement de tous les peuples - y compris des païens - sous forme de pèlerinage. Dans le prophète Isaïe, le Seigneur dit : « Mais moi je viendrai rassembler toutes les nations et toutes les langues, et elles viendront voir ma gloire. Je mettrai chez elles un signe et j’enverrai de leurs survivants vers les nations … et de toutes les nations ils ramèneront tous vos frères en offrande à Yahvé, sur des chevaux, en char, en litière, sur des mulets et des chameaux, à ma montagne sainte, Jérusalem … » (Is 66,18-20). Et le prophète Michée d’écrire : « Ce jour-là, on viendra jusqu’à toi depuis l’Assyrie jusqu’à l’Egypte, depuis Tyr jusqu’au Fleuve, de la mer à la mer, de la montagne à la montagne. » (Mi 7,12).

Il suffit de se souvenir ici des psaumes de pèlerinage, psaumes 120 à 134, pour sentir toute la signification du pèlerinage dans le peuple d’Israël :

O ma joie quand on m’a dit : Allons à la maison du Seigneur !
Et maintenant s’arrêtent nos pas dans tes portes, Jérusalem !
Jérusalem, bâtie comme une ville où tout ensemble fait corps,
c’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur
pour célébrer, selon la règle en Israël, le nom du Seigneur,
en ce lieu où siège la justice, et la maison de David.
Appelez de beaux jours sur Jérusalem : paix à tes tentes !
Adviennent de beaux jours dans tes murs : paix à tes châteaux !
Pour l’amour de mes frères, de mes amis, laisse-moi dire : paix sur toi !
Pour l’amour de la maison du Seigneur, je prie pour ton bonheur.
(Ps 122(121),1-9)

Selon la révélation biblique, il est évident que l’homme est appelé à tout faire pour pouvoir accueillir ce que Dieu, dans son amour, lui a préparé. C’est pourquoi l’homme est appelé à la conversion, ce chemin de paix sur lequel il abandonne tout ce qui l’empêche de faire l’expérience de la paix et de vivre en paix. Pour que la conversion, qui signifie abandonner le monde et ses promesses, puisse se faire, et pour que l’ouverture à Dieu, qui est paix, puisse se réaliser, la personne, la famille et, de temps en temps, le peuple tout entier, doivent non seulement prier, mais également jeûner, croire, aimer, se réconcilier et pardonner, pour dépasser toutes les difficultés et entrer dans la paix promise par Dieu. Tout cela s’accomplit d’une manière particulière dans le pèlerinage.

Dans son document « Pèlerinage du grand jubilé de l’an 2000 », au N° 8, le Pape Jean-Paul II écrit au sujet du pèlerinage d’Israël : « Au peuple de Dieu, victime du découragement, qui porte le poids de son infidélité, les prophètes annoncent également un pèlerinage messianique de Rédemption, ouvert à l’horizon eschatologique, où tous les peuples de la terre se rassembleront en Sion, le lieu de la Parole de Dieu, le lieu de la paix et de l’espérance. En faisant une nouvelle expérience de l’exode, le peuple de Dieu doit permettre à l’Esprit de changer son cœur de pierre en un cœur de chair ; sur le chemin de sa vie, il doit exprimer la justice et la fidélité et devenir une lumière pour tous les peuples, jusqu’au jour où le Seigneur Dieu aura offert un banquet pour tous les peuples sur sa montagne sainte. »

IV. JESUS, LE PÈLERIN

Intégré dans l’histoire, à la plénitude des temps, Dieu lui-même devient homme par son Fils Jésus : il vient à la rencontre de l’homme et veut le ramener dans la « maison de la paix ». Ainsi pouvons-nous dire que Jésus lui-même est également pèlerin, mais dans un autre sens : dans son pèlerinage sur cette terre, ce n’est pas Dieu qu’il a cherché, mais l’homme, afin de lui offrir un chemin divinement simple vers la paix qui vient de Dieu, car c’est Dieu qui la donne (cf. Jn 14,27).

L’Incarnation marque le début du pèlerinage de Jésus, pèlerinage qui se poursuit lorsque Marie et Joseph, selon les préceptes de la Loi concernant les premiers-nés, le présentent au Temple. (Cf. Lc 2,22-26) À l’âge de 12 ans, Jésus continue son pèlerinage. Selon les préceptes de la Loi, il se rend avec ses parents à Jérusalem (cf. Lc 2,41) pour adorer Dieu au Temple : « Trois fois l’an, toute ta population mâle se présentera devant le Seigneur Yahvé. » (Ex 23,17). Pendant sa vie publique, de temps en temps, lors des fêtes, Jésus y va en pèlerinage (cf. Jn 2,13 ; 5,1f). Les montées de Jésus sur les montagnes, son jeûne dans le désert et sa mort sur la colline en dehors de la ville, sont autant d’étapes de son pèlerinage terrestre qui s’achève sur la montagne de l’Ascension. (cf. Mt 5,1-2 ; 4,1-11 ; Jn 19,17 ; Ac 1,6-12).

Jésus envoie ses disciples jusqu’aux confins de la terre, en leur faisant la promesse de rester avec eux. Il réalise cette promesse par sa présence eucharistique et traverse l’histoire avec son peuple, jusqu’aux confins de la terre et jusqu’à la fin des temps. Dans le document « Pèlerinage », au N° 29, en réfléchissant sur le pèlerinage de l’humanité, le Pape écrit : « La marche de l’humanité marquée pas les tensions et les contradictions est donc orientée, comme un vrai pèlerinage, vers le Royaume de Dieu que l’Église doit annoncer et courageusement réaliser en entière loyauté et persévérance, car elle est appelée par son Seigneur à être le sel, le levain, la lumière et la ville située sur la montagne. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible d’ouvrir des voies permettant que l’amour et la fidélité se rencontrent, que la justice et la paix s’embrassent. (Ps 85(84),11). » Chaque chrétien est invité à se joindre à cette marche de l’Église pèlerine, du peuple de Dieu et de toute l’humanité. « Pour le chrétien, le pèlerinage est une célébration de sa foi, une manifestation du culte, qu’il faut vivre dans la fidélité à la tradition, avec un intense sentiment religieux et comme une réalisation de son existence pascale » (Pèlerinage, N°32).

En bref : le sens du pèlerinage, c’est la quête de Dieu qui se révèle à diverses époques, de diverses manières et en divers lieux. Pour faire cette rencontre avec Dieu dans le pèlerinage, l’homme doit sortir de sa vie quotidienne et se mettre en route, doit célébrer sa foi dans la prière et le culte, doit laisser Dieu le libérer du vieux levain du péché et de la malice, et, en tant que pèlerin, se mettre avec Dieu en route vers Son Royaume.

Dans les lieux de pèlerinage, il est donc nécessaire de prévoir une liturgie - service de Dieu, susceptible de se transformer en diaconie - service de l’homme.

V. LE PÈLERINAGE – UNE SORTIE ET UNE ENTRÉE

Il faut, par conséquent, tout faire pour que l’homme, tel qu’il est dans sa réalité anthropologique, psychologique, religieuse et spirituelle, soit mis en route et motivé, pour qu’il s’ouvre à Dieu, l’accueille, le rencontre et chemine avec Dieu qui est fidèle à l’homme. Tout au long de la Bible et d’une manière exceptionnelle, Dieu se révèle dans des lieux de pèlerinage aux personnes choisies. C’est ce qui met l’homme en mouvement, c’est ce qui le fait quitter sa vie quotidienne et se mettre en route vers de tels lieux. Dieu offre sa présence aimante le premier, pour que l’homme la trouve. L’expérience de la présence aimante libère l’homme du poids accumulé tout au long de sa vie, poids qui est à la fois conséquence de sa faiblesse, de son péché personnel, de la faiblesse des autres et de leur péché.

La délivrance du poids du péché et de ses conséquences devrait être prolongée par l’expérience de la paix, de la joie, de l’amour, de l’espérance et de la confiance, ainsi que par la décision d’accepter la présence du Seigneur dans sa vie, et de tout faire pour rester dans cette présence. Chaque fois que les circonstances séparent l’homme de la présence de Dieu, il doit recommencer sa quête et demeurer en Dieu. Plus profondes est l’expérience de la paix et de l’amour, plus difficilement l’homme se laissera détourner de son chemin, plus déterminé il sera dans sa lutte contre tout ce qui pourrait le séparer de Dieu.

Pour que l’homme puisse s’arracher aux griffes de la mort et à toutes les autres conséquences du péché, les lieux de pèlerinage devraient proposer plusieurs formes de rencontre avec Dieu. D’après la révélation biblique et les expériences des prophètes, au point de départ se trouve L’APPEL à quitter la ville, à sortir de la vie quotidienne, et à rechercher un lieu de paix et de silence. Dans le langage de la Bible, cela s’appelle aller au désert. Le pas suivant, c’est de monter sur les montages où les prophètes ont prié et ont rencontré le Seigneur, pour ensuite revenir dans leur village ou leur ville et poursuivre leur tâche. Dans la pratique du pèlerinage selon la Bible, le Temple est le plus important : il est le point central du rassemblement des fidèles. Lors de leurs séjours dans des lieux vers lesquels ils étaient appelés, les fidèles ont PRIÉ et JEÛNÉ. Au Temple, ils offraient des sacrifices, célébraient le culte, SE RÉCONCILIAIENT AVEC DIEU ET AVEC LES HOMMES. Ils retournaient chez eux renouvelés et disposés à ACCUEILLIR leurs tâches, à pratiquer le bien, à penser aux pauvres et aux veuves.

En d’autres termes, l’homme vient avec ses désirs, il vient oppressé par ses difficultés, ses péchés et leurs conséquences. Dans le lieu de pèlerinage, il faut lui permettre de se souvenir de toutes ces choses à la lumière de l’amour de Dieu, de tout voir à la lumière de sa miséricorde, et de faire l’expérience de la vérité des paroles de Jésus qui appelle les fatigués et les opprimés à venir à lui, car il leur procurera le repos et la paix (cf. Mt 11,28). Il faut donc aider le pèlerin à s’engager sur les chemins du pèlerinage biblique, à prendre du temps ; qu’il ne lui soit pas permis de tout faire à la hâte, dans le sens d’une visite touristique de la région et de ses curiosités. Il doit s’arrêter, il doit prendre du temps, il doit gravir la montagne, il doit aller au temple rencontrer le Seigneur qui pardonne et qui rend la paix.

VI. CE QUE MEDJUGORJE PROPOSE AUJOURD’HUI

Il n’est donc pas difficile de comprendre ce qui a lieu et ce qui doit avoir lieu à Medjugorje, notamment quelle forme donner à la liturgie et pourquoi, quelle est sa forme aujourd’hui et pourquoi l’on propose au pèlerin ce qui lui est proposé.

C’est un fait indéniable : aucun sanctuaire, même marial, n’a jamais eu un développement semblable à celui de Medjugorje, et j’oserai dire qu’il n’existe pas de sanctuaire qui réponde autant que Medjugorje à l’image parfaite du pèlerinage, compte tenu de l’homme en quête de Dieu et de Dieu qui s’offre à l’homme (à l’exception de la Terre Sainte, qui permet de se rendre sur les lieux où Dieu lui-même s’est révélé et où Jésus lui-même a agi !).

1. La Colline des Apparitions

La Gospa est apparue pour la première fois sur la colline appelée Crnica, qui s’appelle aujourd’hui la Colline des Apparitions. Elle a appelé à la paix, à la prière, au jeûne, à la foi et à l’amour. Les personnes qui l’avaient vue, encore enfants à l’époque, sont aujourd’hui adultes. Les pèlerins peuvent les rencontrer et ils le font effectivement. Tout a commencé par l’appel à la paix et à la foi en Dieu, dans un pays où l’idéologie officielle était l’athéisme. D’une part, la réaction du pouvoir a été violente, et de l’autre, les gens ont été incroyablement motivés à venir, à voir, à faire l’expérience et à répondre.

Par sa nature, l’homme recherche la paix. Connaissant son désir le plus profond, c’est ce que Dieu, par la Reine de la Paix, lui offre ici : la paix en tant que plénitude de tous les biens physiques, psychiques et spirituels. Les gens ont réagi. Du point de vue biblique, la Colline des Apparitions, c’est Bethléem qui, par la naissance de Jésus, appelle à la paix, mais également la montagne qui appelle à sortir et à entrer. Ici, le pèlerin expérimente le premier appel et la première ouverture du cœur dans des conditions très favorables. C’est le lieu où l’homme fait l’expérience de la joie et de la paix. Pas un seul pèlerin ne va omettre de visiter ce lieu. Il n’y a pas de bon pèlerinage sans « sortir et monter » sur cette colline.

Sur la Colline des Apparitions, on prie les mystères joyeux et les mystères douloureux du rosaire, et on reste en prière silencieuse à l’endroit marqué comme celui de la première apparition. Il faut prendre assez de temps pour « sortir » sur la Colline des Apparitions, il faut surtout prendre assez de temps pour y rester en silence. Dans ce silence, il faut lire et méditer quelques messages de la Gospa et faire la consécration à Marie, ce qui signifie consciemment choisir et accueillir Marie comme Mère, puisque c’est précisément à cet endroit qu’elle a tant de fois répété qu’elle était notre Mère. Il faut s’ouvrir à sa bénédiction, car dans les messages elle répète : « Je vous bénis de ma bénédiction maternelle ». À cet endroit, il est également bon de prendre Marie pour Maîtresse, car elle enseigne et montre le chemin vers Jésus. Il est tout aussi important d’y venir avec un groupe que d’y venir seul pour y prier, c’est à dire : en récitant le chapelet, être avec Jésus et avec Marie, et écouter la voix de Marie qui appelle à la paix. C’est la même paix que les anges ont annoncée lors de la naissance de Jésus. Il est particulièrement conseillé de prier pour la paix devant la croix érigée face au relief représentant le deuxième mystère joyeux ; c’est ici que, le troisième jour des apparitions, le 26 juin 1981, Marija Pavlović a vu Notre-Dame avec une croix, pleurer et répéter : « Paix, paix, paix ! Seulement la paix ! Paix entre Dieu et les hommes et paix entre les hommes ! ». De nombreux pèlerins montent la nuit sur la Colline des Apparitions et font de belles expériences de prière. C’est ainsi que se répète ce que Jésus aimait souvent faire lorsqu’il gravissait, la nuit, les montagnes pour y prier.

2. La Croix Bleue

La Croix Bleue est un endroit silencieux de prière qui s’est développé progressivement, où nombre de personnes individuellement ou en petits groupes passent du temps dans la prière. Son nom est dû au hasard : quelqu’un a érigé une croix bleue à l’endroit où Notre-Dame apparaissait lorsque la police empêchait l’accès à la Colline. C’est également l’endroit où le groupe de prière d’Ivan se retrouvait et où la Gospa apparaissait à Ivan pendant que le groupe était en prière. Cet endroit, comme tous les autres lieux de prière, est fait pour la prière, pour le silence, pour le repos dans la prière. C’est également ici que Mirjana vient souvent, le deux du mois, prier avec la Gospa pour les incroyants. Autant de raisons pour le pèlerin de « sortir » vers ce lieu et de prier. Cet endroit est également significatif pour une raison pratique : les pèlerins qui, en raison de leur santé physique, ne peuvent pas « sortir » sur le Podbrdo ou le Križevac, peuvent néanmoins monter vers la Croix Bleue pour y prier sur la montagne.

3. Le Križevac

Après la rencontre avec Dieu sur la Colline des Apparitions, où le premier appel a été lancé, retentissant d’abord dans le cœur des voyants, puis dans les cœurs de millions de pèlerins, le pèlerinage au sens biblique continue. Le pèlerin, chargé de ses faiblesses et de ses péchés, blessé par les faiblesses et les péchés des autres, doit poursuivre le même chemin que Jésus après Bethléem. Ce chemin allait vers une autre montagne et vers une autre ascension, avec la croix cette fois-ci : le sommet du Calvaire. Le pèlerin, à la suite de Jésus-pèlerin, « sort et monte » sur le Križevac. Il peut y rencontrer Jésus qui souffre sa Passion et meurt, qui passe l’examen du Roi de la Paix précisément sur la croix, acceptant la souffrance avec amour, priant et pardonnant sur la croix. Le pèlerin y rencontre également Marie qui, au cœur de la souffrance, reste fidèle à son Fils. Elle aime comme il aime, elle prie comme il prie, elle pardonne lorsqu’il pardonne. À la lumière du Christ qui traverse ainsi la dernière étape de son pèlerinage, le pèlerin reconnaît l’immense amour qui souffre pour lui, mais aussi la méchanceté humaine, dans laquelle il reconnaît son propre comportement et le comportement des autres. Cette prise de conscience n’engendre pas l’amertume dans le cœur - car Jésus n’est pas mort dans l’amertume, mais éveille le désir de pardonner, de demander pardon et d’être réconcilié. En gravissant le Križevac, le pèlerin touche à la vie et à la mort, à ce qui est passager et à ce qui est éternel, à l’amour et à la haine, à la prière et la malédiction, à la réconciliation et à la vengeance, à la violence et à la miséricorde, à la pauvreté et à l’avidité, à l’impuissance et à la puissance, à la vérité et au mensonge, au tombeau et à la résurrection, à la bonté et à la méchanceté des hommes, aux chutes et au relèvement. Une telle rencontre sur le Križevac ouvre le cœur du pèlerin à Dieu, et il devient disponible à se repentir de son péché, à pardonner et à demander pardon. C’est ici que l’homme reconnaît son chemin terrestre avec Dieu et avec les hommes. Sans une telle rencontre - à cause de la souffrance et des épreuves - le pèlerin ne pourrait prendre conscience de sa souffrance ni s’ouvrir à Dieu. Dans cette démarche, l’âme se prépare à une nouvelle rencontre qui a lieu au temple.

Voilà pourquoi il faut prendre assez de temps pour prier sur le Mont Križevac. On y prie le Chemin de Croix représenté ici en 16 stations. La première station représente le Jardin de Gethsémani, la dernière représente la Résurrection. Devant chaque station, il faut demeurer en prière et méditer sur Jésus et les personnes qui l’entourent, pour s’y reconnaître soi-même, son propre comportement et celui de l’entourage. Une telle montée sur le Križevac permet qu’il arrive ce qui doit arriver dans le cœur du pèlerin : reconnaître l’amour de Jésus par lequel il nous sauve, mais également son propre péché et sa propre faiblesse, et la nécessité de la Rédemption. Il est particulièrement important de prier pour la foi : croire que tout conduit au bien de ceux qui aiment Dieu. On ne monte pas sur le Križevac pour s’y défaire de ses croix, mais pour apprendre à les porter et à aider les autres à porter les leurs. Il est particulièrement important de rester en prière devant la croix du Križevac, d’être consciemment uni à Marie qui se tenait auprès de la croix, et qui nous a appelés à prier devant la croix. Devant la croix, dans une méditation profonde, nous présentons à Jésus nos blessures et celles que nous avons infligées aux autres, ainsi que les souffrances des familles, de l’Église et du monde. C’est précisément ici qu’il faut prier pour la guérison spirituelle et la santé psychique.

« Chers enfants, aujourd’hui je vous invite de manière spéciale à prendre la croix dans vos mains et à méditer sur les plaies de Jésus. Demandez à Jésus de guérir les blessures que vous, petits enfants, avez reçues pendant votre vie à cause de vos péchés ou à cause des péchés de vos parents. Seulement ainsi vous comprendrez, petits enfants, que le monde a besoin de la guérison de la foi en Dieu le Créateur. Par la passion et la mort de Jésus sur la croix vous comprendrez que seulement par la prière vous pourrez devenir vous aussi de vrais apôtres de la foi, vivant la foi qui est un don, dans la simplicité et la prière. Merci d’avoir répondu à mon appel. » (25 mars 1997)

Le Križevac est un lieu de profonde récollection et de sérieux spirituel. Il n’est donc pas conforme à l’esprit du pèlerinage de bavarder, de manger ou de boire au pied de la croix, ce qui peut arriver à certains, qui veulent ainsi marquer la fin de leur ascension du Križevac. Il est également contraire à l’esprit du pèlerinage d’y acheter ou d’y vendre, ou d’y laisser des déchets. La descente du Križevac devrait également se passer dans le recueillement, à l’exemple de Marie qui a gardé un profond recueillement après la Passion et l’ensevelissement de son Fils. Lors de la descente, on peut prier le Chapelet des sept douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie.

Après une telle ascension et un tel retour du Križevac, l’âme du pèlerin est prête pour de nouvelles rencontres. Dans l’église, le pèlerin fait sa rencontre avec le Seigneur Ressuscité qui donne à ses disciples le pouvoir de pardonner les péchés et de nourrir les croyants à travers la célébration eucharistique.

4. La confession

Pour les raisons qui viennent d’être données, ce n’est pas un hasard que, pour grand nombre de pèlerins, Medjugorje soit devenu le lieu où la confession conduit à la conversion. Il est donc important d’aider les pèlerins à se préparer à la confession par un bon examen de conscience. Dans leur cœur, ils sont déjà disposés à la contrition, au pardon et à la demande de pardon, à la purification de l’âme et du cœur et à la réconciliation avec Dieu et avec les hommes. Outre la préparation, il est important que les prêtres soit disponibles et qu’ils prennent consciemment du temps pour chaque confession. Hormis écouter la confession, le prêtre doit, dans l’esprit de Marie, non seulement encourager les fidèles à se garder du mal, mais également à grandir dans le bien. Le prêtre ne doit pas uniquement mettre en garde contre le péché, car la vie chrétienne ne se réduit pas à la lutte contre le péché : elle est un combat infatigable en faveur du bien. En d’autres termes et selon les messages, Marie ne nous appelle pas seulement à nous abstenir de la guerre, des affrontements, de la haine et d’autres maux, mais à participer activement à l’avènement de la paix, de l’amour et de la justice. Qui n’est pas engagé dans ce domaine, même s’il ne pèche pas en prenant part dans un conflit, pèche en n’étant pas suffisamment engagé en faveur du bien.

Marie appelle clairement à la confession :

« Chers enfants, je vous invite à ouvrir la porte de votre cœur à Jésus, comme la fleur s'ouvre au soleil. Jésus désire remplir vos cœurs de paix et de joie. Vous ne pouvez pas, petits enfants, réaliser la paix si vous n'êtes pas en paix avec Jésus. C'est pourquoi, je vous invite à la confession, pour que Jésus soit votre vérité et votre paix. Petits enfants, priez, pour avoir la force de réaliser ce que je vous dis. Je suis avec vous et je vous aime. Merci d'avoir répondu à mon appel ! » (25 janvier 1995)

5. Le programme de prière du soir

Le programme du soir commence par la prière du rosaire. C’est un temps de préparation à la sainte messe. Notre-Dame elle-même nous a demandé de nous préparer à la célébration eucharistique. C’est également un temps où de nombreux fidèles, entourés de la prière de l’assemblée, se confessent. L’apparition a lieu pendant ce temps de préparation à la messe vécu dans la prière. Les fidèles se rassemblent, parce que la Gospa vient. Elle prie et elle bénit tous les fidèles, et par sa présence les prépare à la célébration de la messe.

La sainte messe est célébrée de telle manière que les fidèles de divers groupes linguistiques peuvent y prendre part aussi activement que possible. L’évangile est lu en plusieurs langues, en fonction des pèlerins présents, ainsi que la prière universelle. Les chants sont choisis de sorte que la majorité des fidèles puisse y participer.

Après la messe, l’assemblée prie le Credo et les sept Notre Père, suivie de la prière pour la guérison. La Gospa a demandé que l’on ne parte pas immédiatement à la fin de la messe, mais que l’on reste avec Jésus. C’est le moment le plus favorable à la prière pour la guérison, car avant la communion, nous avons dit à Jésus : « Dis seulement une parole et mon âme sera guérie. » Pendant cette prière, de nombreuses guérisons intérieures ont lieu, et nous sommes également témoins des guérisons physiques. Le programme du soir s’achève par les mystères glorieux du rosaire. Le sens de ces mystères à la fin du programme du soir, et à la fin de la journée, est de permettre à l’âme et au cœur de pressentir ce qui les attend après la mort : la gloire du Seigneur ressuscité, la communion avec lui et avec Marie élevée glorieusement au ciel et couronnée comme Reine. C’est ainsi que le cœur et l’âme s’ouvrent à la vie de Dieu, et à l’espérance qui donne la consolation et la force de continuer notre cheminement terrestre jusqu’à la victoire finale.

Ce programme a été voulu par la Gospa. C’est pourquoi il faut conseiller aux pèlerins de participer à la totalité du programme de prière. Qu’importe si l’on ne comprend pas tous les mots : le mystère ne peut pas être compris avec l’intellect, mais uniquement avec le cœur. Les pèlerins qui participent à la totalité du programme savent à quel point il est important pour eux. Il arrive que certains pèlerins ne participent pas à la messe, sous prétexte qu’ils ne comprennent rien, ou même parce qu’une autre chose a été organisée à la place, une rencontre ou un dîner. Certains restent, mais se promènent autour de l’église en attendant la prière pour la guérison. Il faut éviter cela, rester en prière pendant tout le programme et ainsi, du fond du cœur, comprendre les intentions de Notre-Dame.

6. L’adoration eucharistique

C’est précisément lors d’un séjour à Medjugorje que de nombreux pèlerins ont fait leur première expérience de l’adoration eucharistique – de la rencontre avec Jésus qui demeure avec son peuple dans le Pain divin. Au cours de ses rencontres avec Jésus sur le Podbrdo, sur le Križevac et dans l’église, le pèlerin a pu être confronté à lui-même de diverses manières ; il a pu envisager un nouveau début avec Dieu, le but ultime de tout pèlerinage.

La tradition de l’Église connaît une autre forme de rencontre avec Jésus, l’adoration eucharistique. Notre-Dame nous demande d’adorer Jésus, son Fils.

« Chers enfants, ce soir aussi, je vous suis particulièrement reconnaissante d'être présents. Adorez le Saint- Sacrement continuellement. Je suis toujours présente pendant l'adoration des fidèles, alors s'obtiennent des grâces particulières. » (15 mars 1984)

La Gospa a demandé à la communauté paroissiale de faire l’adoration tous les jeudis après la messe. Le jeudi est toujours particulièrement consacré à l’eucharistie et au sacerdoce. La Gospa parle de sa présence en ces moments. Elle nous demande également de tomber amoureux de Jésus dans l’eucharistie. Seule la personne amoureuse trouve du temps :

« Chers enfants, aujourd’hui je vous invite à devenir amoureux du Très Saint Sacrement de l’autel. Adorez le, petits enfants, dans vos paroisses et ainsi vous serez unis avec le monde entier. Jésus deviendra votre ami et vous ne parlerez pas de Lui comme de quelqu’un que vous ne connaissez à peine. L’unité avec Lui vous sera joie et vous deviendrez témoins de l’Amour de Jésus qu’Il a pour chaque créature. Petits enfants, quand vous adorez Jésus, vous êtes aussi proche de moi. Merci d’avoir répondu à mon appel. » (25 septembre 1995)

Au fur et à mesure, la paroisse de Medjugorje a introduit l’adoration le mercredi soir, le samedi soir et la veille des grandes fêtes. Dans la Chapelle de l’Adoration, de nombreux pèlerins trouvent des instants de silence et rencontrent Jésus dans l’eucharistie. C’est précisément à Medjugorje que de nombreux fidèles ont pour la première fois fait l’expérience de l’adoration eucharistique. Ils ont transmis cette expérience à leurs groupes de prière et, au fur et à mesure, à leurs communautés paroissiales. Certains groupes de pèlerins ont déjà organisé dans leurs communautés paroissiales l’adoration perpétuelle. L’adoration est une rencontre avec Jésus dans le pain eucharistique. Lorsque le fidèle est seul dans l’adoration, il est bon qu’il reste en silence devant Jésus, sans trop de paroles. On parle souvent de l’expérience du curé d’Ars : « Je l’avise et il m’avise… » Se tenir devant Jésus signifie entrer dans le mystère de sa présence eucharistique, signifie laisser de côté la course intérieure et extérieure et faire l’expérience de l’éternité. Lorsque l’adoration est faite en groupe, il est indispensable de faire de brèves méditations qui aident à entrer dans la présence de Jésus, d’entonner des chants paisibles, et de prier longuement en silence. L’adoration ne doit pas être saturée de méditations en forme d’homélies. Il ne faudrait pas prier le chapelet ni des litanies. Il faut vraiment employer les formes les plus simples de prière et de chant, pour que l’âme puisse avoir le temps d’entrer dans le silence.

Les organisateurs des pèlerinages à Medjugorje devraient faire attention à ne pas trop distraire les pèlerins par la course aux enseignements, aux visites en dehors du village etc., mais, au contraire, les aider à trouver le temps pour cette forme de rencontre avec Jésus.

7. La vénération de la croix

Outre la rencontre avec Jésus souffrant sur le Križevac, où le pèlerin monte avec Jésus et l’accompagne sur son chemin de croix, nous avons tous les vendredis, après la messe dans l’église, un temps pour la vénération de la croix qui s’achève par la prière pour la guérison. C’est un autre moment propice qui permet au pèlerin de rencontrer la croix de notre Seigneur Jésus Christ, et de se tenir devant ce signe de l’amour de Jésus, par lequel nous est venu le salut. La prière devant la croix se présente sous une forme semblable à celle de l’adoration du Saint Sacrement. La Gospa nous dit dans un message :

« Chers enfants, je veux vous dire qu'en ces jours, la croix doit être au centre de vos vies. Priez de façon spéciale devant la croix d'où viennent de grandes grâces. Maintenant, faites dans vos maisons une consécration particulière à la croix. Promettez de ne pas offenser Jésus ni la croix, et de ne pas blasphémer. Merci d'avoir répondu à mon appel. » (12 septembre 1985)

La vénération de la Croix est un autre élément important du programme du pèlerinage, car il peut arriver au fidèle de ne jamais rencontrer Jésus souffrant. Qui ne sait pas se tenir en présence de Jésus souffrant aura beaucoup de mal à pénétrer le mystère de l’amour qui souffre et qui est vainqueur par la Résurrection.

Lorsque nous réfléchissons sur le programme de prière du jeudi, vendredi et samedi (avec l’adoration nocturne), nous pouvons y reconnaître le Triduum Pascal : Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint, avec la liturgie de la vigile et l’attente du matin de Pâques. Le dimanche matin peut alors être vécu comme une victoire joyeuse sur le mal et le péché, sur la mort et les ténèbres, puisqu’il a été attendu en communion avec Jésus depuis le Jeudi Saint – instauration de l’Eucharistie, le Vendredi Saint – sa mort, et Samedi Saint – préparation à la Résurrection.

C’est ainsi que nous pouvons découvrir l’école de la Gospa dans toute sa plénitude. Elle veut nous guider et nous aider à rencontrer Jésus qui est notre Vie et notre Résurrection.

8. Les témoins de la présence de la Gospa

Le pèlerin de Medjugorje peut se rendre sur les lieux où Dieu s’est approché de l’homme par Marie qui y apparaît, mais également de rencontrer les personnes par qui il a parlé, par l’intermédiaire de Marie. Le témoignage des voyants est donc très important. Leur tâche principale est de transmettre les messages de la Gospa dans toute leur simplicité, et de faire part de leur expérience de la rencontre avec Marie. Les voyants et les pèlerins doivent faire attention à ne pas dépasser cette limite : transmettre le message et rendre témoignage de l’expérience personnelle. Si les voyants se transformaient en spécialistes de toutes sortes de questions et en donneurs de réponses, il pourrait arriver que les rencontres avec eux deviennent des rendez-vous avec des personnes omniscientes, faisant penser à des séances de divination, où l’on chercherait des réponses sans prêter attention au message, ce que serait très dangereux. Dans une telle confusion, les pèlerins ne sauraient plus distinguer entre le message de la Gospa et la réflexion personnelle des voyants. Les pèlerins sont souvent animés par une certaine curiosité, positive en elle-même, car elle incite le pèlerin à plus facilement « sortir de son quotidien ». Et pourtant, la curiosité devrait conduire plus loin : devenir une source de motivation pour aller à la rencontre de Dieu qui parle à son peuple. (Comment, d’ailleurs, ne serait-on pas curieux de voir des personnes qui affirment chaque jour rencontrer Notre-Dame !) La curiosité peut disposer l’homme à écouter et à être attentif, elle peut lui permettre d’accueillir plus facilement ce qu’il entend. Il est donc nécessaire que le chemin se poursuive des collines à l’église et jusqu’à l’expérience de la réalité sacramentelle.

A mon avis, il suffit comme motivation que le pèlerin rencontre un seul des voyants. Il faut éviter la course incessante aux voyants. Il ne faut pas surévaluer leur rôle. Il y a un danger réel qu’un « cercle d’amis » se forme autour des voyants, amis qui se servent de cette proximité pour se faire une image auprès des pèlerins, en vue d’affaires et de profits potentiels. Ainsi, par exemple, le pèlerin logé dans la maison d’un voyant doit payer plus que d’autres, ce qui lui donne un sentiment d’être particulièrement privilégié. Ce type de danger doit être évité pour le bien des voyants et des pèlerins, mais surtout pour le bien du message qui est transmis.

9. Les signes et les miracles

C’est un fait : de nombreux pèlerins de Medjugorje témoignent avoir vu des signes dans le ciel ou sur la croix, ou bien avoir senti la présence de Marie et ses appels d’une manière particulièrement intense. Bien qu’il soit difficile de dire objectivement ce qui se passe en réalité, il faut souligner que ces expériences ont une certaine importance dans le contexte d’un pèlerinage. Dans ces cas-là, comme toujours, nous devons appliquer la même règle de discernement : le critère, c’est le comportement et l’action du pèlerin après une intervention extraordinaire de Dieu. À ce type d’expériences, nous pouvons ajouter les guérisons spirituelles, psychologiques et physiques. Le témoignage de ceux qui en ont bénéficié favorise l’éveil de la foi (mais aussi de la curiosité !), facilite la sortie de la vie quotidienne et des tâches journalières, pour que l’on se mette en route vers des lieux et des personnes devenues, en raison d’une intervention extraordinaire de Dieu, la cible de tant de pèlerins.

10. Le pain et l’eau

Un signe distinctif du pèlerinage à Medjugorje est le message de Notre-Dame concernant le jeûne au pain et à l’eau. Le pain est la nourriture fondamentale de l’homme et il signifie la vie. L’eau est également irremplaçable dans la vie humaine et signifie tout particulièrement la purification spirituelle. Ces deux réalités, ces deux significations, contiennent le message : revenez à la vie et vivez, sortez de vos impuretés et devenez purs !

En un mot, nous sommes appelés à vivre consciemment deux jours par semaine au pain et à l’eau. C’est le jeûne parfait. Ceux qui peuvent le comprendre et le vivre intégralement font du bien à leur âme et à leur corps. Il faut néanmoins prendre en compte les contraintes de la vie quotidienne, les problèmes et les difficultés. Un tel appel implique une réponse pleinement libre et responsable. Le pain et l’eau sont l’alimentation de base du pèlerin d’autrefois qui, pour les marches longues de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, ne pouvait se munir d’autre nourriture. Vivant et cheminant ainsi avec du pain et de l’eau, le pèlerin se purifiait et se disposait à la rencontre avec Dieu. Il quittait sa vie quotidienne et visitait des lieux où Dieu s’était révélé, et des personnes à qui il s’était révélé.

11. La Communauté du Cénacle

Lors de son séjour à Medjugorje, le pèlerin aura l’occasion de faire une rencontre importante : celle des jeunes de la communauté de Sœur Elvira. Ils donnent un témoignage concret sur leur dépendance de la drogue et sur leur cheminement de la mort à la vie, de l’esclavage, la vie criminelle et athée, à la liberté et la paix que Dieu donne à l’homme qui s’ouvre à Lui. Ici, nombre de pèlerins, surtout les parents, deviennent conscients de leur rôle et reconnaissent les possibles erreurs dans l’éducation de leurs enfants, mais trouvent également l’espérance que tout peut conduire au bien. Ces rencontres sont également importantes pour les jeunes, car ils se reconnaissent dans les témoignages sincères de jeunes dépendants, et comprennent le danger des maux des temps modernes : la drogue et l’alcool. Chaque jeune de cette communauté, et la Communauté en tant que telle, sont le signe particulier de ce qui se passe dans l’homme lorsqu’il rencontre Dieu et fait le choix de Dieu. Après la rencontre avec la Communauté, il arrive souvent que les pèlerins, ayant reconnu leurs omissions ou en quête d’un conseil, souhaitent se confesser ou parler à un prêtre. Cette étape du pèlerinage à Medjugorje est une grande aide pour beaucoup de pèlerins : ils rentrent chez eux davantage conscients de leurs responsabilités, mais également des dangers qui peuvent arrêter la personne sur son chemin vers la paix. Ils peuvent mieux reconnaître les diverses formes de dépendance : il s’agit toujours d’un attachement, d’un assujettissement et d’un enfermement à l’intérieur des horizons de ce monde. Cette étape du pèlerinage engendre un profond désir de vivre dans la liberté et de se battre contre l’assujettissement.

VII. LA SITUATION ACTUELLE DE L’HOMME ET DU MONDE – LE DÉSIR DE SORTIR

Tout ce qui vient d’être présenté a façonné ce lieu de pèlerinage et la manière d’y vivre le pèlerinage, prenant en compte toutes les dimensions de la personne humaine. Le fait que ceci ait lieu à la fin du vingtième siècle rend le phénomène d’autant plus intéressant et compréhensible. Dans la vie quotidienne, l’homme contemporain en quête de Dieu est assailli par tant de propositions susceptibles de lui faire perdre le sens de la vie et de le conduire jusqu’au désespoir, l’asphyxie et la mort. Plus l’homme s’éloigne de Dieu, plus il le cherche, et plus il devient ouvert à des propositions qui promettent une certaine sécurité et la paix. L’homme fuit de plus en plus sa vie quotidienne : si ce n’est pas en quête de Dieu, c’est pour jouir des stupéfiants qui l’éloignent de lui-même, de toutes les valeurs humaines et chrétiennes, et qui l’assujettissent. La drogue et l’alcool, la « pansexualité » et l’hédonisme, la course au pouvoir et à l’argent ne sont rien d’autre qu’un « pèlerinage » qui conduit de la réalité à l’illusion, de l’espérance au désespoir, de la coopération créatrice avec Dieu à un comportement destructeur envers soi-même et les autres. Le nombre croissant de suicides, la légalisation de l’avortement jusqu’au neuvième mois, et même à la naissance, ne sont rien d’autre qu’une tentative de l’homme à créer de nouveaux espaces où il pourra vaincre la grisaille de son enfermement à l’intérieur des horizons de ce monde. La violence qui se manifeste à travers les guerres et les assassinats quotidiens n’est qu’une autre preuve du fait que l’homme se sent à l’étroit et qu’il cherche son espace vital – mais sans Dieu.

Outre ces tentatives catastrophiques de sortir et d’aller quelque part, apparaissent et sont acceptées à la fin de ce siècle et de ce millénaire les théories du « nouvel âge » qui promettent à l’homme le salut et la paix, mais ne lui demandent pas de se tourner vers Dieu. Nombre de mouvements de méditation, populaires surtout parmi les jeunes, promettent la paix et le salut par un retour sur soi-même et par la découverte et l’éveil des forces et des énergies cachées. Alors que les uns promettent un nouvel âge à venir, les autres annoncent des catastrophes et des événements apocalyptiques qui effaceront hommes et peuples de la surface de la terre et qui préserveront certains, d’éventuels heureux ou élus.

VIII. LE PÈLERINAGE VERS LE TROISIÈME MILLÉNAIRE

Le Pape Jean-Paul II appelle inlassablement tous les chrétiens et tous les hommes à se préparer à entrer dans le troisième millénaire, mais avec Jésus et Marie. Dans l’encyclique « Redemptoris Mater » (1987), il est question de Marie en pèlerinage avec l’Église pèlerine, vivant son deuxième Avent, qui - en tant que Mère, Maîtresse et Pèlerine - prépare l’Église pour le 2000e anniversaire de la naissance de son Fils. C’est elle qui peut au mieux nous préparer à la rencontre avec Jésus, car elle, sa Mère et sa Maîtresse, le connaît mieux que tous les autres saints.

S’il y a un endroit où cette parole du Pape est appliquée, s’il y a un endroit où cette attitude pèlerine de Marie se réalise, c’est Medjugorje. Elle y vient « en pèlerinage » et s’y manifeste tous les jours depuis 18 ans ; le Peuple de Dieu y apprend comment prier et comment jeûner, à venir en pèlerinage, à trouver Dieu et à revenir à Lui de tout son cœur. Dans le message du 25 août 1998 (après 17 ans et deux mois de présence à Medjugorje), Marie dit :

« Chers enfants, aujourd'hui, je vous appelle à vous rapprocher encore plus de moi par la prière. Petits enfants, je suis votre Mère, je vous aime et je désire que chacun de vous soit sauvé et ainsi soit avec moi au Ciel. C'est pourquoi, petits enfants, priez, priez, priez, jusqu'à ce que votre vie devienne prière. Merci d'avoir répondu à mon appel. » !

Medjugorje est, donc, un lieu de pèlerinage au sens plénier de ce mot : en ce qui concerne la révélation de Dieu, en ce qui concerne les besoins de l’homme, en ce qui concerne la possibilité de rencontrer Dieu et de répondre à tous les appels que le Pape adresse depuis qu’il a commencé à préparer le monde à l’entrée dans le troisième millénaire.

IX. CONSEILS ET REMARQUES

Il sera bon de signaler les dangers que l’on trouve dans chaque lieu de rassemblement, y compris à Medjugorje, qui n’en est pas épargné. Il faut faire attention à ce que le message reste authentique, et que son application concrète dans la liturgie reste claire (prière, messe, adoration, confession, ascension des montagnes), mais également à ce que les protagonistes restent des instruments humbles et disponibles par qui Dieu agit. Il faut absolument éviter le danger d’étouffer le message par le matérialisme, par l’esprit touristique, par la course à l’argent et par la commercialisation. Il faut avertir ceux qui accompagnent les pèlerins et ceux qui les accueillent du danger d’en faire un « business », afin qu’ils n’oublient pas la raison de leur venue à Medjugorje. Il est évident que la course à l’argent, l’esprit de compétition (qui gagnera davantage d’argent, qui accueillera davantage de pèlerins) mettent en danger le vrai esprit de pèlerinage. Il faut particulièrement faire attention à ne pas abuser de la curiosité humaine, mais à la canaliser et bien l’orienter. On peut dire sans exagération que le spirituel est encore reconnaissable à Medjugorje et qu’il n’est pas encore étouffé par les dangers mentionnés.

Tout en prenant en compte les exceptions possibles, nous pouvons dire qu’à Medjugorje tout le monde veut rester fidèle à l’esprit des messages de Marie et vivre l’Évangile. Dans ce domaine, Medjugorje a réalisé quelque chose d’extraordinaire : les prêtres de Medjugorje et certains voyants sont invités à des rassemblements dans le monde entier où des milliers de fidèles se retrouvent pour recevoir leur aide, afin de rester sur le bon chemin. Il n’y a pas de sanctuaire semblable. Notre rencontre est une occasion de plus de comprendre notre rôle dans cette magnifique intervention de Dieu et de le vivre dignement.

Dans l’espoir que Dieu, par Marie, continuera à conduire ce qu’il a commencé parmi nous, disons : « Que Ta volonté soit faite ! Je suis prêt à faire tout ce que Tu me dis, mais aide-moi à comprendre ce que Tu me demandes. »

 

[1] Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, Pèlerinage du Grand Jubilé de l’an 2000, N° 23.

[2] Pèlerinage. N° 2

[3] Pèlerinage. N° 2

[4] Pèlerinage. N° 3

[5] Pèlerinage, 57.

[6] Cf. Rebić, Fenomen hodočašća u Bibliji i u Islamu, dans : Bogoslovska Smotra 54 (1984) p. 516 ; T.G. Pinches, Pilgrimage dans :James Hastings Encyclopaedia of religions and Ethics, tome X, 12a Edinbourg, 1918 ; Pellegrinaggio, dans : Enciclopedia cattolica. Voir également les notes dans les grandes Encyclopédies et les grands Dictionnaires des religions.

[7] Rebić, Fenomen hodočašća u Bibliji i u Islamu p. 517 ; F. Heiler, La prière, Paris 1931, p. 150 ; J.P. Steffes, Wallfahrt und Volkstum in Geschichte und Leben, G. Schreiber, Düsseldorf 1934 p. 184-216.

[8] Cf. Pèlerinage, N° 8

[9] Pèlerinage, N° 8

[10] Pape Jean-Paul II, Encyclique Redemptor Hominis N° 18.

[11] Pèlerinage, N° 9.

[12] Pèlerinage, N° 10.

[13] Pèlerinage, N° 11.

[14] Cf. Ep 2,19 ; 1 Pi 2,11 ; He 13,13-14 ; Ap 21,4 ; Pèlerinage N° 11.

[15] Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 9 ; cf. note N° 2.

[16] Pèlerinage, N° 12 ; Jean-Paul II, Lettre apostolique A l’approche du troisième millénaire N° 25.

[17] Pèlerinage, N° 13.

[18] Au 4e et 5e siècles apparaissent des grands pèlerinages organisés sur des lieux saints en Palestine et sur les tombeaux des martyrs. En témoignent les ouvrages de l’époque, comme Le pèlerinage d’Ethérie sur les lieux saints (du 4e siècle), Le carnet de voyage du pèlerin anonyme de Bordeaux (du 4e siècle) et d’autres documents de voyage en Terre Sainte.

[19] St Grégoire de Nysse, Lettre 2,18, Sources Chrétiennes 362,122 ; Migne, Patrologia Graeca 46,1013.

[20] St Augustin, De vera religione, 39,72, CCL 32,234 ; Migne, Patrologia Latina, 34,154.

[21] St Jérôme, Lettre 58,2-3 ; CSEL 54,529-532 ; PL 22,580-581, Pèlerinage, N° 13.

[22] Cf. Pèlerinage N° 14 ; Jean-Paul II, Allocution lors de sa visite à Vienne, 10 septembre 1983.

[23] Pèlerinage N° 14, A. Rebic, Hodočašća danas, dans Kana 29(1998) N° 11/316, octobre 1998, p. 30.

[24] Pèlerinage N° 14.

[25] Pèlerinage N° 16.

[26] Pèlerinage, N° 17.

[27] Le message au monde du Concile Vatican II, 8 décembre 1965 ; Pèlerinage, N° 19.

[28] Concile Vatican II, Constitution dogmatique Sacrosanctum Concilium, N° 2.

[29] Cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 7-9 ; Ad Gentes, N° 5 ; Pèlerinage, N° 20.

[30] Cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium, N° 8.

[31] Concile Vatican II, Ad Gentes, N° 2 ; Lumen Gentium, N° 17.

[32] Pèlerinage, N° 21.

[33] Pèlerinage, N° 23.

[34] Pèlerinage, N° 30 ; St Augustin, Confessions 1,1.

[35] Pèlerinage, N° 24.

[36] Pèlerinage, N° 25.

[37] Pèlerinage, N° 30.

[38] Pèlerinage, N° 26-28.

[39] Pèlerinage, N° 31.

[40] Pèlerinage, N° 32 ; Congrégation pour le culte divin, Orientations et propositions pour la célébration de l’Année Mariale (1987), dans Notitiae 23 (1987) 342-396.

[41] Pèlerinage, N° 34-35.

[42] Jean-Paul II, Lettre à l’occasion de l’anniversaire de la Maison de Nazareth à Lorette, dans : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XVI,2(1993) 533 ; Pèlerinage, N° 33,36 ; Jean-Paul II, Homélie dans la basilique d’Apercida, Brésil, dans Insegnamenti di Giovanni Paolo II, III,2 (1980) 99.

[43] Pèlerinage, N° 35.

[44] Pèlerinage, N° 38-41.

[45] Pèlerinage, N° 39 ; Jean-Paul II, Redemptor hominis, N° 37.

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